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Desailly : « Il ne faut pas perdre espoir »

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L’ancien défenseur des Bleus porte un regard averti sur les problèmes rencontrés par l’équipe de France. Et refuse de dramatiser.

Marcel Desailly, l’équipe de France et son sélectionneur Aimé Jacquet étaient très critiqués avant la Coupe du monde 98. Peut-on comparer votre situation à celle des Bleus d’aujourd’hui ?
Oui, quelque part. C’est pour ça qu’il ne faut pas perdre espoir de les voir réaliser une très belle compétition. Les joueurs doivent simplement prendre conscience de leurs capacités. A partir de là, tout peut arriver. Cette génération est sans doute meilleure individuellement que la nôtre. Si vous prenez le nom des six joueurs qui font l’animation offensive de cette équipe de France, c’est quand même d’un très haut niveau. Il manque juste ce petit plus : être au top collectivement et au même moment pour pouvoir prétendre à faire une performance.

L’équipe peut-elle se révéler pendant le Mondial ?
On l’espère. On a été déçu au championnat d’Europe (la France a été éliminée au premier tour de l’Euro 2008, ndlr). On espère une prise de conscience de cette génération. Maintenant, ils doivent se dire : « Finalement, on n’a plus rien à perdre. Essayons tous ensemble de réaliser quelque chose, de tirer dans le même sens. » A partir de là, bingo. On va tous se régaler, et moi le premier car je suis maintenant l’un de leurs plus fervents supporters.

Selon vous, doit-on nommer le successeur de Raymond Domenech avant ou après la Coupe du monde ?
(Sans hésiter) Après. Le président Escalettes le fera sans doute en sous-marin pendant le Mondial, mais ce n’est vraiment pas possible dans le cadre de la Coupe du monde. C’est "hors actu". On ne s’y intéresse pas, on ne veut pas le savoir. Nous autres supporters, on veut juste se régaler en voyant l’équipe de France, avec son coach actuel, accéder aux phases finales.

Avez-vous un favori pour la succession de Domenech ?
Mes collègues (Laurent Blanc et Didier Deschamps, ndlr) sont déjà tous là, je ne vais pas avancer un nom en particulier. En plus de ceux dont on parle, il y a tout de même Boghossian. Pourquoi pas ? Ce serait intéressant d’avoir "Bogho". Il ne fait pas partie de la direction technique nationale (DTN), mais il fait partie du groupe maintenant. Il a un très grand talent en terme de tactique, puisqu’il a terminé premier de sa promotion de coach devant Laurent Blanc. J’ai beaucoup de noms, mais tout ce que je veux, c’est le meilleur pour l’équipe de France.

« Et pourquoi pas Boghossian ? »

Vous qui êtes né au Ghana. Cette première Coupe du monde sur le continent africain doit avoir une résonnance particulière…
Oui. A condition que les équipes africaines qui vont participer à ce Mondial prennent conscience qu’il faut plus d’infrastructures en Afrique, et encore plus de travail pour passer le cap du professionnalisme.

Les équipes africaines ont-elles une chance de faire un beau parcours dans cette Coupe du monde ?
C’est toujours la même chose. La Côte d’Ivoire a un énorme potentiel, tout comme le Ghana avec ses anciens qui vont revenir dans le groupe. Mais pour les autres équipes, combien de joueurs de premier choix évoluent en Europe ? C’est un vrai problème. Des joueurs qui évoluent dans un club local avec seulement trois entraînements par semaine ne pourront pas faire face à l’exigence du haut niveau. Ces gars n’ont pas l’habitude de gérer la pression et la demande physique qu'exige une telle compétition. Malgré tout, je crois au miracle. Si elle se réveille collectivement, la Côte d’Ivoire est l’équipe qui peut vraiment faire des merveilles.

Le FC Nantes, votre club formateur, risque de descendre en National. Comment l’expliquez-vous ?
De la malchance d’abord et peut-être un mauvais choix au niveau des entraîneurs. Ce n’était certainement pas une bonne chose d’avoir enlevé des entraîneurs qui avaient un potentiel pour en mettre d’autres dans le seul but de réussir sur le moyen terme. Nantes se doit absolument de revenir sur une dynamique de formation comme par le passé, avec un fil conducteur.

Recueillis par Jérôme Sillon (RMC Sport)