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Désespoir pour les Espoirs

Chris Mavinga

Chris Mavinga - -

Piteusement éliminés en barrages de l’Euro 2013, les Bleuets vont encore manquer la phase finale d’un Euro. Un fiasco récurrent depuis 2006 et qui remet en cause la formation à la française. Et l’avenir du sélectionneur Erick Mombaerts.

« C’est un peu l’eau chaude… et l’eau froide ». Du François Blacquart dans le texte. Pour le DTN du football français, le robinet brûlant, c’était mardi soir, aux alentours de 22h50, lorsqu’Olivier Giroud offrait un point mérité à la France en Espagne. Le jet glacé, c’était plusieurs heures auparavant et à plusieurs milliers de kilomètres de là, du nord de Madrid, à Drammen, en Norvège, où l’équipe d’Erick Mombaerts, pourtant en ballotage favorable après le barrage aller (1-0), prenait complètement le bouillon (5-3). Pour la quatrième fois d’affilée, les petits Bleus ne prendront pas part à la phase finale d’un Euro qui leur tendait pourtant les bras. Comme en 2007, 2009 et 2011, les Bleuets verront l’été prochain le Championnat d’Europe des nations à la télé, loin des stades israéliens.

Loin, comme les dithyrambes de Raymond Domenech, ancien mentor des Espoirs (1993-2004), qui voyait déjà cette génération 90-91 être championne d’Europe. Loin, aussi, le parcours quasi sans-faute en éliminatoires (7 victoires en 8 matches). Reste seulement, aujourd’hui, un flot d’interrogations autour de ce fiasco matérialisé par trois buts encaissés en 20 minutes. « Encaisser cinq buts, on ne l'aurait pas imaginé, relève, surpris, le président de la FFF, Noël Le Graët. C'est une déception parce qu'on tenait vraiment à cette compétition. »

Mombaerts sur le grill

Plombés par une entame catastrophique, les joueurs d’Erick Mombaerts ont affiché une fébrilité et une naïveté étonnantes, deux tares rédhibitoires critiquées par Yann M’Vila. « On a joué aux cons, a lâché le milieu rennais, mobilisé à l’étage en-dessous. On a du talent, mais on manque de rage, d'agressivité pour passer. » Des propos rapidement tancés par Blacquart. « Quand j’entends un jeune dire : « On a du talent mais pas la rage ». Je suis désolé mais la rage, c’est un talent, affirme le dirigeant. Il y a peut-être eu un problème d’autosuffisance. » Et de temps de jeu, aussi, pour certains, comme Varane (Real Madrid) ou Mangala (Porto), cadres des Espoirs, oui, mais encore sous-utilisés en club. « En Angleterre, dès qu’un jeune a du talent à 18-19 ans, il joue en pro, relève le DTN. A cet âge-là, nos Espoirs manquent de jeu et de matches. »

Quid de l’avenir ? La DTN n’est pas restée insensible à ce fiasco. « Notre idée très forte est de donner la priorité à l’état d’esprit et l’intelligence de jeu, qui n’est pas liée au gabarit, mais au jeu, assure Blacquart. C’est vraiment le socle de la détection, donc de la formation. » Et Mombaerts ? L’ancien entraîneur de Toulouse était là en 2009 et 2011. L’affaire des quotas et sa proposition de limiter à 30 % la proportion de joueurs possédant une double nationalité dans les effectifs des centres de formation l’enfoncent un peu plus. S’il avoue « une fin de cycle », l’intéressé n’a pas parlé de démission. Le Graët aussi. « Il faut analyser les choses un peu à froid », conseille Blacquart. C’est ce qu’a prévu de faire le président de la FFF. Pas sûr que cela suffise à sauver la tête de Mombaerts.

A.D