Deux revanchards pour une médaille

Élodie Thomis - -
Au fond d’elles-mêmes, les Bleues de Bruno Bini doivent encore se demander comment elles ont pu en arriver là. Une demi-finale, face aux Japonaises, qu’elles avaient dominées en match de préparation à Charlety (2-0), devant près de 61 500 spectateurs à Wembley, qui devait les propulser vers la première finale d’un tournoi majeure de leur histoire. Et puis patatras ! Un but encaissé, sur une toile de leur gardienne Sarah Bouhaddi, un deuxième sur une erreur flagrante de marquage, une fin de match cauchemardesque où les Françaises ont raté le pénalty de l’égalisation et vendangé d’innombrables occasions face à un adversaire au bord de l’asphyxie, et s’en était terminé de leur rêve d’or olympique.
Une malédiction des demi-finales, un an seulement après leur défaite au même stade contre les Américaines au Mondial allemand (3-1), sur laquelle Bruno Bini lance un commentaire aussi ironique qu’amer : « Cela ne voulait pas rentrer, c’est le foot. Le problème est que je ne sais pas faire en demi-finale. Si, l’an prochain, nous sommes en demi-finales de l’Euro, je rentrerai à la maison et je laisserai la place à quelqu’un d’autre ! » Sauf que ses protégées n’en ont pas terminé avec les Jeux Olympiques et qu’elles ont malgré tout l’occasion de ramener une médaille de bronze jeudi.
Le Canada éliminé à la 123e !
La déception semble bien difficile à digérer, à l’image d’Élise Bussaglia, qui cauchemarde encore de son pénalty raté. « On est passé tout près d’une finale olympique, et dans la tête, c’est très compliqué à gérer », raconte, les yeux encore embués la néo-lyonnaise. Et pourtant il faudra bien évacuer cet échec à l’aube de défier une nation dans la même situation. Face aux Américaines triples championnes olympiques, dans ce qui restera comme le match le plus spectaculaire du tournoi, les petites cousines du Nord ont livré un combat héroïque. Faisant courir leurs adversaires au score du début à la fin du match, les Canadiennes ont vu la finale s’envoler en prolongations…à la 123e minute sur un but de l’inévitable Alex Morgan. De quoi avoir les nerfs en pelote.
De quoi également inspirer le respect, voire une certaine crainte à Bruno Bini. Dans leur demi-finale, les Canadiennes ont affiché non seulement un engagement physique qui fait parfois défaut aux Bleues, mais également une puissance offensive réelle. Emmenée par son attaquante légendaire Christine Sinclair (143 buts inscrits sous le drapeau frappé de la feuille d’érable, dont un triplé contre les Etats-Unis en demies) et sa fidèle lieutenant Mélissa Tancredi, la sélection de John Herdman peut faire craquer toutes les défenses. Les co-équipières de Camille Abily et Gaëtane Thiney sont prévenues, elles ne seront pas les seules à avoir la rage au ventre en plus de sérieux arguments au City of Coventry jeudi. Au bout du tunnel, le bronze pour les unes, la frustration éternelle pour les autres.