Domenech a-t-il encore la cote auprès des joueurs ?

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Qui aime vraiment Raymond Domenech en équipe de France ? Alors que la tête du technicien tricolore risque de se jouer très certainement quelques minutes, voire quelques heures, après le résultat de l’attendu Roumanie-France de samedi prochain, la question mérite d’être posée. L’interrogation est d’autant plus légitime en effet que l’on ne sent pas, et que l’on n’a jamais véritablement senti d’ailleurs, de la part des Bleus, un réel soutien à leur sélectionneur.
Certes…si plusieurs cadres tricolores (Vieira, Ribéry) n’ont pas attendu la défaite en Autriche pour se ranger du côté de Domenech, leurs prises de position dénotent indéniablement avec les propos feutrés tenus par Thierry Henry avant la victoire des siens face à la Serbie. « Mettons un peu le sujet du coach à part. Ce match, cette victoire impérative, c’est surtout pour le football français (…) Il ne faut pas non plus faire une fixation sur l’avenir du coach. Il faut gagner pour le public français… ». Difficile, après moult relectures, de trouver un véritable motif de soutien dans les quelques mots prononcés à l’époque par le capitaine de l’équipe de France. Des propos qui trouvent, quelques semaines après, un surprenant écho.
L'indifférence l'emporte
« L'avenir du sélectionneur... Pourquoi ça me pèserait ? Moi… je suis sélectionné. Les histoires comme ça, ce n'est pas à nous de décider. Nous, on est sur le terrain, on est là pour écouter les consignes du coach. Après, le reste, ce n’est pas de notre ressort. Des fois, quand je suis en dehors, j’en parle un peu avec ma famille. Mais entre nous, on ne parle pas de ça. Ce sont des choses qui ne nous regardent pas. Si on joue mal, le coach va partir ? On doit penser à la Coupe du Monde 2010 avant tout. »
Sur la forme, le discours d’Hatem Ben Arfa peut choquer. Sur le fond, ce dernier ne renvoie-t-il pas après tout au sentiment général qui anime aujourd’hui le groupe France ? De Gourcuff (« On doit rester concentrer sur nous-mêmes, sur le projet sportif. Il faut gagner, se qualifier, c’est l’objectif majeur. L’essentiel est de se qualifier ») à Alou Diarra (« Même si on entend des bruits, on se concentre sur la qualification pour la Coupe du Monde. Il y a certaines choses qui ne sont pas de notre ressort »), le mot d’ordre semble être le même. Parler de l’avenir du sélectionneur semble tabou, interdit. Surtout, l’impression d’ensemble que dégage le discours de ces trois Bleus renvoie à une vérité : aujourd’hui, les Tricolores pensent à l’avenir de la sélection et pas à celui de leur coach.
Seule compte la sélection
Si marque de soutien il y a dans le silence de certains jeunes appelés (peut-être pétris de peur à l’idée d’un retour de bâton comme l'a récemment affirmé Grégory Coupet) et dans celui de sélectionnés plus expérimentés, on a déjà vu, entendu et connu des appuis plus prononcés. Beaucoup plus prononcés, à l’image de celui affirmé et revendiqué par William Gallas dans l’Equipe : « Je suis derrière lui, oui. Maintenant, il sait bien que la pression est sur lui (…) Nous aussi, on peut sauter si on n’est pas bons (…) Si on change, est-ce que ce sera mieux ? Qui peut en être sûr ? Personne (…) Tu pars avec quelqu’un, tu le gardes jusqu’au bout. Si on ne va pas à la Coupe du Monde, d’accord, tu changes. Mais pas avant ».
L’ancien Marseillais, lui-même en perte de vitesse en Bleu, sait de quoi il parle. Néanmoins, une tendance se dégage, commune cette fois, de l’attitude des Bleus à quelques heures de Roumanie-France. A les entendre, ce sont eux qui ont les clés de la qualification de la France pour le prochain Mondial. Eux et eux seuls. Cela tombe bien… l’opinion publique, dans sa très large majorité, n’est pas loin de partager leur avis.