Dugarry : « Les joueurs sont complètement dingues »

Christophe Dugarry - -
Christophe Dugarry, comment analysez-vous le boycott des joueurs de l’équipe de France ?
Je suis dégouté. Je n’en peux plus de voir tout ça. Mais je ne veux pas parler des joueurs. Je préfère m’attaquer aux instances fédérales. Donc, tout ce panier de crabe, ça suffit. Ça fait plus de deux ans que ça dure. Monsieur Escalettes, Monsieur Aulas, Monsieur Houllier et Monsieur Le Graët et les membres du conseil fédéral nous ont expliqué après l’Euro 2008 que Raymond Domenech était l’homme de la situation. Pour eux, tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes. A l’inverse, nous les anciens de 1998, on nous a stigmatisé. Tous ces gens-là ont dit que nous étions des manipulateurs alors que ce sont eux qui nous ont manipulés. Le pire dans tout ça, c’est qu’ils ont fait passer leurs intérêts communs avant ceux du football français.
Donc pour vous, seule la FFF est responsable ?
Oui. Tout ce fiasco découle des mauvaises décisions prises par la Fédération. Au mois de novembre dernier, Thierry Henry avait tiré la sonnette d’alarme. Dernièrement, Nicolas Anelka s’était également exprimé dans la presse pour dire : « On ne peut pas continuer comme ça ». Mais rien n’a été fait pour recadrer les choses. Tout le monde a fermé les yeux. Et maintenant, Jean-Pierre Escalettes (Président de la FFF, ndlr) nous explique qu’il ne voit pas pourquoi il tirerait des conclusions de toute cette affaire. De même j’ai entendu Guy Chambily (membre du conseil fédéral, ndlr) s’en prendre à Nicolas Anelka. Mais moi je voudrais que ces gens-là fassent aussi leur autocritique ! Ils fanfaronnent comme si de rien n’était. Mais tout ce qui arrive aujourd’hui, ce n’est pas un hasard. Il faut mettre un coup de pompe dans ce panier de crabes.
« Houllier ? C’est surréaliste »
Mais que pensez-vous de l’attitude des joueurs ?
C’est grave. Dans ce groupe, il n’y a pas un ancien capable de leur dire : « Les gars, vous faites fausse route ! ». En ce moment, les joueurs ne maîtrisent plus rien. Ils deviennent fous. Ils ont oublié que c’était la Coupe du monde, pas la Coupe Coca-Cola.
Pourquoi avez-vous cette impression ?
Je vais prendre l’exemple de Patrice Evra. Pourtant, je n’ai rien contre lui. Pour le match France – Mexique (0-2), je l’ai vu en pleurs lors des hymnes. Au début, j’ai pensé que c’était touchant. Mais après coup, je me suis dit qu’il était en train d’être submergé par sa fonction de capitaine. Après, c’est simple, les joueurs sont devenus paranos et complètement dingues. Et là, ça devient n’importe quoi. Tout est fait à l’envers. Dans ce groupe, il n’y a plus aucune lucidité. C’est incroyable !
Estimez-vous que la presse a outrepassé sa fonction ?
Non. C’est Raymond Domenech qui est responsable dans cette affaire. Il a établi ce climat de tension et de méfiance. Il se fout de la gueule du monde. En plus, il est méprisant vis-à-vis des journalistes. Forcément à un moment donné, le boomerang vous revient dessus. Mais la Fédération, c’est pareil. Je me rappelle des manipulations de Gérard Houllier (le DTN, ndlr) et de bien d’autres qui ont prétendu que Raymond Domenech était l’homme de la situation. Tout le monde savait que cela n’était pas possible et que cela ne pouvait plus continuer comme ça.
Que reprochez-vous au directeur technique national, Gérard Houllier ?
Lui, c’est surréaliste ! Samedi, je l’ai écouté nous dire que Raymond Domenech prenait toutes les décisions et qu’il était en totale autogestion. Mais moi je croyais qu’on avait créé France 2010 pour justement le recadrer. C’est quoi ces histoires ! Tout cela est très grave. C’est même une honte ! Mais le ridicule a vraiment commencé quand Raymond Domenech a demandé sa femme en mariage.
La tâche s’annonce difficile pour votre ancien coéquipier Laurent Blanc qui va devenir le futur sélectionneur de l’équipe de France à la fin de cette Coupe du monde...
Lolo va faire du bien. C’est un Monsieur qui va arriver avec tout son talent de joueur et tout son charisme. Et lui à l’inverse de Raymond Domenech, il va assumer sa responsabilité avec beaucoup de courage. Il va mettre un coup de pied dans tout ça. Avec lui, on va revenir à des vraies valeurs humaines.