Espagne-France, par Alain Giresse

Alain Giresse - -
Ses souvenirs de France-Espagne, finale de l’Euro 1984 (2-0)
« C’était avant tout une finale, au-delà de l’adversaire. C’était LA finale du championnat d’Europe. La priorité pour nous, c’était que ce match soit synonyme de victoire puisque pour une fois, une équipe de France atteignait la finale d’une grande compétition. C’était l’objectif de ce championnat d’Europe. Il fallait qu’on batte l’Espagne, qui avait mérité d’être là comme nous. Il fallait qu’on les batte pour être champions d’Europe. »
Son avis sur la progression du football espagnol
« L’Espagne s’est mise à travailler. Elle avait la puissance de ses clubs, mais il n’y avait pas de répercussion sur son football national. Ils ont travaillé en s’appuyant sur leurs qualités de bases, à savoir la technique, avec des joueurs intelligents dans le jeu. Ils ont bien été aidés par Barcelone qui, sous l’impulsion de Johan Cruijff, a mis en place une philosophie de jeu. Les Espagnols ont un peu calqué tout ça pour l’appliquer à leur propre philosophie nationale. Quand on voit jouer l’Espagne aujourd’hui, toutes les équipes des autres catégories jouent de la même façon. »
Son parallèle entre la France et la Roja
« Il m’est arrivé de croiser Vicente Del Bosque (le sélectionneur espagnol, ndlr) et de converser avec lui. Il reconnaissait lui-même que l’équipe de France des années 1980 jouait comme l’Espagne. Michel Hidalgo avait été un précurseur puisqu’il n’avait mis au milieu que des joueurs de ballon. On s’étonne aujourd’hui de voir Barcelone ou l’Espagne avec beaucoup de joueurs créatifs au milieu, mais l’équipe de France en avait déjà. On peut donc se dire qu’il y a des similitudes entre le jeu de ces deux équipes nationales. »
Sa vision du jeu développé par l’Espagne
« Il me plaît énormément à travers la façon dont il s’exprime, sa qualité technique, le fait de savoir prendre le ballon, le donner au bon moment avec des joueurs qui ont de l’intelligence et qui se mettent au service du collectif. Pour moi, c’est le football tel qu’il doit être pratiqué. Les Espagnols ont réussi à pouvoir le mettre en place au plus haut niveau et pour le moment, ça dure. On sait bien que ce n’est pas éternel, mais on ne peut que se féliciter qu’ils soient orientés vers ce jeu-là. »
Son pronostic pour mardi
« Rivaliser sur un match, pourquoi pas ? On peut les embêter. Il faut qu’on soit bien physiquement et mentalement, c’est une évidence. La notion de collectif au plus haut niveau sera essentielle, ainsi que la capacité à jouer sans le ballon parce que je pense que les Espagnols vont nous le confisquer. Il faudra être capable d’intervenir pour les empêcher d’aller jusqu’au bout et d’exploiter les ballons qu’on aura avec beaucoup de minutie. »