Espagne-France, saine rivalité ?

De g. à d. : Iniesta, Cabaye, Busquets - -
Il y a d’abord eu Yannick Noah et la « potion magique espagnole » en novembre dernier. Puis les Guignols de l’info ont emboité le pas représentant les sportifs espagnols comme des surhommes abusant un peu trop de produits dopants. En Espagne, ces sorties n’avaient pas été du goût de l’opinion public. Pour les plus gentils, il ne s’agissait que de relents d’une vieille rivalité. Pour les plus violents, d’une jalousie et d’une aigreur mal placée. Car depuis une décennie, les Espagnols enchaînent sous le regard envieux de leurs voisins français.
Nadal à Roland-Garros, Contador sur le Tour de France (même si le cycliste a été déchu de son titre de 2012), les basketteurs qui damnent le pion à la bande à Parker aux JO, Alonso qui empile les victoires en Grands Prix… Et pendant ce temps, les Français comptent les points. « Vous devez en avoir assez d’entendre l’hymne espagnol, sourit Rodrigo. Il n’a pas de paroles, mais s’il en avait, les Français les connaîtraient par cœur. L’Espagne est dans une phase en or. En sport, on est le numéro 1 et la France en a par-dessus la tête de nous. »
« Les Guignols, c’est bien un ou deux fois, mais il ne faut pas exagérer »
En pleine difficulté économique, l’Espagne s’offre là un bol d’oxygène. D’autant qu’il existe un grand respect pour la France, considérée comme une grande sœur, et qui plus est un modèle économique. Jusqu’à l’Euro et la qualification de la Roja aux dépens des Bleus en quarts de finale, l’Espagne n’avait d’ailleurs jamais éliminé une équipe de France dans une grande compétition. De quoi nourrir un certain complexe d’infériorité qui s’est effacé au fil du temps et des victoires. Voilà pourquoi les sketchs répétés des Guignols ont touché l’opinion de la rue : « Les Guignols, je crois que c’est bien une ou deux fois, mais il ne faut pas exagérer, dénonce José Antonio. Que ça vienne de vous ou nous, on doit toujours avoir le respect. On n’accepte pas l’exagération. »
Sur le terrain, ces considérations semblent en tout cas balayées par les joueurs. Certes, ces histoires ont agacé les hommes de Del Bosque, soucieux de montrer qu’ils pouvaient s’imposer à l’Euro à la régulière, mais tout cela appartient désormais à l’histoire ancienne. « Noah, les Guignols, c’est désormais oublié, conclut Roberto Morales, journaliste à l’agence de presse espagnole. Les supporters y pensent peut-être. Voilà pourquoi les gens devraient être très chauds contre la France. » Comme quoi l’ardoise n’a peut-être pas définitivement été soldée.