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Espoirs - M’Vila, la descente aux enfers

Yann M'Vila

Yann M'Vila - -

Yann M'Vila a été suspendu près de 20 mois par la FFF suite à sa virée nocturne avec l'équipe de France Espoirs. Une sanction qui ternit un peu plus la réputation du milieu de terrain du Stade Rennais, habitué aux dérapages.

« C’est une erreur professionnelle. C’est impardonnable. On a joué aux cons ». C’était vrai le soir du barrage retour de l’Euro 2013, après la noyade des Espoirs en Norvège (3-5). Ça l’est encore plus aujourd’hui. Car avant de « jouer aux cons » sur la pelouse de Drammen, Yann M’Vila avait déjà dépassé les bornes trois jours avant, en se rendant dans une boite de nuit des Champs-Elysées, en compagnie de quatre autres Bleuets. Une attitude immature de la part de l’international français (22 sélections), qui devait pourtant servir d’exemple à une génération en quête, depuis six ans, de sa première participation à un championnat d’Europe. Un joueur qui avait fait amende honorable, aussi, à la rentrée.

« Si j’ai fait de mauvais matchs, c’est de ma faute, confiait-il il y a encore un mois. L’extra-sportif, c’est de ma faute. Je ne peux en vouloir qu’à moi-même. » Puis des promesses. « J'allais souvent à Paris car il y avait ma famille, ou pour des tournées promotionnelles. Je l'ai fait l'année dernière, mais je ne referai plus les mêmes erreurs. » Paroles non tenues. « Le meilleur milieu défensif de France», selon son entraîneur et premier protecteur, Frédéric Antonetti, est désormais connu comme un homme à frasques.

Un transfert et les Bleus s’éloignent

Depuis deux ans, on n’arrête plus ce joueur pourtant de talent. Janvier 2010 ? Il frappe un automobiliste qui lui avait fait un appel de phares. Le 10 août 2011, après le nul en amical entre la France et le Chili (1-1), l’Amiénois sort en boite avec un ami, termine sa soirée aux bras d’une prostituée qui le détrousse durant son sommeil. Le 11 avril 2012, il se chauffe avec un supporter le traitant de guignol après l’élimination contre Quevilly en demi-finale de Coupe de France (2-1). En mai dernier, il passe une nuit en garde à vue pour avoir frappé un adolescent de 17 ans. Avant, enfin, de se faire remarquer lors du dernier Euro pour ne pas avoir serré la main de Giroud et de Blanc après la défaite en quart de finale contre l’Espagne. « Je suis parti tout droit, Laurent Blanc était loin donc je n’allais quand même pas faire un détour », avait-il avancé comme explication. Ce qui lui vaudra un rappel à l’ordre de la commission de discipline.

A 22 ans, le passif de ce jeune père de famille (son premier fils, Kellil, est né alors qu’il n’avait que 18 ans) est lourd. Trop lourd déjà pour inciter les clubs à miser sur son avenir. Notamment Arsenal, pourtant prêt à débourser 25 millions d’euros un an plus tôt. Bloqué à Rennes cet été, M’Vila n’est plus en position de force pour décoller d’ici la fin de son contrat, en juin 2015. Ni pour retrouver rapidement les Bleus. S’il reconnait son potentiel, Didier Deschamps l’ignore depuis sa prise de fonctions, échaudé par ses dérapages répétés. « Déçu ? Le mot n'est pas suffisant, a déclaré le sélectionneur à propos de son attitude. C'est incompatible avec le maillot de l'équipe de France ». La Fédération française de football a traduit ces paroles par des actes. Près de vingt mois de suspension et une Coupe du monde déjà envolée. M'Vila a pris très cher. Pour l'ensemble de son oeuvre.

A.D avec PYL