Gourcuff, malgré tout

Yoann Gourcuff - -
Yoann Gourcuff est entouré d’anges gardiens. Il y a son père Christian, toujours bienveillant et aussi Rémi Garde, son coach, qui se disait prêt à « l’aider » sur cette fin de saison. Mardi soir, une autre âme protectrice, Laurent Blanc, s’est manifestée en le rappelant dans son équipe un peu plus d’un an après sa dernière sélection nationale. Une annonce attendue compte tenu des dernières déclarations du sélectionneur des Bleus, qui laissait la porte ouverte à celui qui fut élu meilleur joueur de Ligue 1 en 2009. Mais difficilement compréhensible au regard de la saison médiocre du milieu de terrain.
Un choix « indéfendable »
Treize matches de L1 joués cette saison, dont une rencontre seulement disputée en intégralité en 2012, deux buts à six mois d’intervalle, l’un en octobre, l’autre en mai, une seule passe décisive. Et des blessures à répétition : à la cheville à l’été 2011, puis aux adducteurs cet hiver et dans la tête tout au long de l’année, pour ce qui ressemble, de près et de loin, à une longue dépression qui agacera l’OL, jusqu’à ses plus fidèles soutiens dans le vestiaire, lassés de voir la star toujours l’humeur triste et si peu décisive sur le terrain…
Laurent Blanc le reconnaît volontiers, son choix est « indéfendable » d’un point de vue sportif. Cela a tout l’air d’un pari : « On se donne la possibilité de voir s’il peut revenir en forme physiquement et mentalement ». C’est également un choix du cœur. Le Président a toujours porté en haute estime son meneur de jeu au temps où il fut sacré champion de France avec Bordeaux. A l’époque, Gourcuff rayonnait. Titulaire systématiquement, il pesait de tout son poids chez les Girondins.
Depuis son arrivée à l’Olympique Lyonnais à l’été 2010, le Breton n’est plus que l’ombre de lui-même. Fini les beaux gestes, les fulgurances, le beau gosse de la Ligue 1 s’est éteint. Et pourtant, il fait partie des vingt-six Bleus présélectionnés pour l’Euro. Une décision que Laurent Blanc justifie d’abord par le niveau qu’il a déjà pu montrer en équipe de France : « On sait ce qu’il est capable de nous amener. Au niveau international, ses statistiques ne sont pas si mauvaises que cela. » Le milieu lyonnais a rarement déçu sous le maillot bleu. Il s’est même montré plusieurs fois décisif comme ce 11 octobre 2008 où il égalisa à 2-2 contre la Roumanie, à Constanta, en match de qualification pour la Coupe du monde.
Gourcuff « fait partie du groupe »
Le sélectionneur explique par ailleurs que « durant sa longue absence, aucun joueur ne s’est imposé dans son secteur de jeu ». Gourcuff bénéficie avant tout de « circonstances favorables », insiste Blanc, rappelant sans les citer que s’il n’y avait pas eu autant de blessés, « on n’aurait même pas parlé de Gourcuff ».
Pour lui, son protégé n’aura aucun problème d’intégration puisqu’il « fait partie du groupe. Il le connaît, il a vécu avec, au contraire d’Hatem Ben Arfa qui va devoir s’inclure ». Pas un mot sur les tensions avec Ribéry ou Evra, révélées à Knysna en 2010. Blanc est confiant. « Des joueurs qui n’ont pas fait une grande saison mais qui ont fait une bonne compétition ensuite, il y en a eu, assure-t-il. On compte sur sa fraîcheur ».
Le sélectionneur a quinze jours pour observer Gourcuff. S’il ne donne pas satisfaction, il sera renvoyé chez lui avant l’Euro. Il le répète : « Ce n’est qu’une pré-liste ». Mais déjà le plus beau moment de la saison pour l’ancienne étoile du foot français.