Henry, le sauveur de la patrie

Thierry Henry avait sauvé la France à Lansdowne Road en 2005 en inscrivant le seul but du match. - -
Visages tendus. Poings fermés. Telle est l’attitude du camp français quelques instants avant de fouler la pelouse de Lansdowne Road. Il faut dire que les Bleus n’ont pas une grosse marge de manœuvre. Premiers ex aequo avec la Suisse et l’Eire (13 points), les protégés de Raymond Domenech ont un contrat 2 en 1 à remplir : gagner pour écarter un concurrent direct à la qualification et rester au contact des Helvètes, tout sauf en danger à Chypre.
Malgré le large succès acquis quatre jours plus tôt face aux Iles Féroé (3-0), l’équipe de France ne rassure pas son monde. Thuram, Makelele et Zidane sont revenus pourtant pour sauver la patrie. Mais lorsque le stratège tricolore est moins bien, ses partenaires se mettent à tousser. C’est le cas à Dublin. Le match est âpre, compliqué, délicat, comme la majorité des matches des Tricolores dans ces éliminatoires. Zidane peine à distendre les lignes adverses et les Bleus manquent de se laisser surprendre en début de partie sur un coup franc d’Andy Reid (18e).
La feinte de Dahan
Mais le poteau droit de Coupet veille au grain. Un signe ? L’éclaircie va finir par arriver pour l’équipe de France. Tard, de façon à ce que l’histoire de ce match n’en soit que plus belle. Henry, avec la complicité de Wiltord, s’arrache dans les vingt derniers mètres pour récupérer un ballon et décoche une frappe victorieuse dont seul lui a le secret. Enroulé, placé, son tir ne laisse aucune chance à Shay Given et scelle définitivement les espoirs de qualification de l’Eire. Cinquante-deux ans après la bande à Kopa, Henry et Cie matent l’Irlande chez elle. La suite ? Après un match nul devant la Suisse (1-1), les Bleus arrachent leur qualification pour la Coupe du monde lors du dernier match contre Chypre (4-0).
Pour la petite histoire, les joueurs de l’équipe de France ont mis la main sur leur cœur au moment où s’est jouée la Marseillaise. Un canular de l’imitateur Gérald Dahan est à l’origine de cette grande première. L’humoriste s’est fait passer pour Jacques Chirac et a dupé Zidane et Domenech dans l’après-midi précédent le match. Peut-être que les Bleus, rassérénés par le soutien présidentiel, lui doivent-il une (petite) part de leur succès…
La fiche technique
A Dublin, Lansdowne Road, le 7 septembre 2005
Qualification pour la Coupe du monde 2006
République d’Irlande-France : 0-1 (0-0)
But : Henry (68e)
République d’Irlande : Given – Carr, Dunne, Cunningham, O’Shea – Reid, Roy Keane, Kilbane (Doherty, 78e), Duff – Robbie Keane, Morrison (Harte, 78e).France : Coupet – Sagnol, Boumsong, Thuram, Gallas – Vieira, Makelele – Wiltord, Zidane (Malouda, 70e), Dhorasoo – Henry (Cissé, 76e).
Arbitre : M. Fandel (Allemagne)
Spectateurs : 36 000 spectateurs
Le grand témoin
Thierry Henry : « Si on n’est pas motivé là…»
« On connaît l’histoire de ce stade, on nous avait dit la même chose en Serbie (1-1), ce sera un match de foot, il faudra bien le jouer, il y aura beaucoup de bruit. Je ne sais pas à quoi m’attendre. Je ne veux pas trop parler avant. C’est juste que ça va être dur de gagner. On l’a fait une fois, il faudra le refaire. Il n’y a pas de bon résultat. On va simplement tout donner. On ne va pas calculer. (…) La Coupe du monde à commencé contre l’Autriche (3-1). Avant d’aller en Afrique du Sud, il va falloir passer par là. C’est comme la Ligue des champions, c’est un long chemin. Si on savait quelle sera la clé du match, ce serait super. On a joué l’Irlande en 2005, mais leur équipe à changé, la nôtre également. On saura mieux après. Il n’y a pas besoin de parler, de se dire grand chose. C’est un grand match, voire deux à l’arrivée. Si on n’est pas motivé là, ce n’est pas la peine d’y aller. (Une quatrième participation à une Coupe du monde), ce sera accessoire. L’important, c’est la qualification. On sait tous combien c’est dur de ne pas en être. »