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"La France a un potentiel énorme": le sélectionneur de la Norvège U19 se confie avant d'affronter les Bleuets

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Ce samedi à 18h, l’équipe de France U19 affronte la Norvège à Orléans, dans le cadre du tour Elite, passage obligé pour se qualifier pour l’Euro ayant lieu en juin prochain. Le sélectionneur portugais de cette équipe norvégienne, Luis Pimenta, évoque pour RMC Sport les atouts de l’équipe de France, les joueurs à suivre dans son équipe et la formation à la norvégienne.

Les U19 français affrontent ce samedi à 18h la sélection norvégienne, emmenée par son coach portugais, Luis Pimenta. Ayant grandi au Luxembourg, il a "grandi en regardant le football français et Téléfoot avec Thierry Roland". L’homme de 41 ans qui a connu le succès avec Kongsvinger – un petit club norvégien qui a été le premier à lui offrir la possibilité à devenir entraîneur principal – est devenu sélectionneur de la génération 2004 norvégienne, en 2021.

Son parcours étonnant avec les sélections de jeunes, s’explique par la crise du Covid. Pimenta explique pourquoi ses débuts sur le banc des U19 ont été retardés : "J’avais les 2002 mais à cause du Covid, l’UEFA a tout arrêté donc il n’y a pas eu de compétition. Alors j’ai pris les 2004 après ça."

C’est une différence majeure entre la France et la Norvège : un technicien ne coache pas une même catégorie d’âge mais accompagne une génération sur plusieurs saisons. Ainsi, le sélectionneur qui a débuté au côté de Roar Johansen à Hönefoss suit notamment les talentueux Andreas Schjelderup, Isak Hansen-Aaröen ou encore Antonio Nusa, surclassé chez les U19.

"Le but est de former des joueurs pour l’équipe nationale A"

"L’objectif de la fédération norvégienne est que l’entraîneur suive l’équipe deux ans, U18 et U19", explique celui qui a même débuté avec les U17. "On travaille très près les uns des autres, avec les autres sélectionneurs. On a un dialogue constant." précise Pimenta.

"On fait des évaluations collectives au cours de réunions où l’on parle des différents joueurs. Qui devrait monter, qui devrait rester. On ne doit pas faire monter un joueur, simplement pour le faire monter. S’il monte, c’est qu’il est prêt à aider l’équipe du niveau au-dessus. Sinon, ses prestations risquent d’affecter sa confiance." ajoute-t-il.

La Norvège qui fait face à des problématiques différentes de celles de l’équipe de France doit trouver les moyens de rivaliser avec les meilleurs. "Le but est de former des joueurs pour l’équipe nationale A, témoigne Luis Pimenta. Il faut se rappeler que la Norvège n’est pas un pays comme la France, il n’y a que 5,5 millions d’habitants. Il y a un vivier beaucoup plus petit donc c’est très important qu’on trouve la meilleure ligne de développement pour ne pas perdre les joueurs avec plus de potentiel."

Et pour parvenir à maximiser les performances des A, la fédération norvégienne souhaite que certains fondamentaux dans le jeu soient les mêmes dans chaque catégorie d’âge. Le sélectionneur des U19 l’assure néanmoins, nul n’est obligé de jouer dans un schéma tactique précis. Faible vivier oblige, "ce n’est pas garanti que chaque année on aura suffisamment de défenseurs centraux ou de latéraux avec un niveau international. Il faut adapter le système aux caractéristiques de chaque échelon, pour avoir une chance de mettre les meilleurs de chaque échelon sur le terrain et que ça ait du sens."

Toujours dans le but de faire rayonner la sélection senior, les sélectionneurs travaillent main dans la main pour que la transition des joueurs d’une catégorie à l’autre, se fasse le plus sereinement possible. Cela ne l’empêche pas néanmoins de pouvoir marquer cette équipe de son empreinte, la fédération lui laissant une grosse marge de manœuvre.

"La France a une grosse capacité individuelle à chaque position"

A l’heure d’affronter les Bleuets et après une grosse victoire contre la Roumanie (4-0), le sélectionneur des jeunes norvégiens refuse de parler de finale. "Ce n’est pas comparable. Bien sûr qu’on a établi un plan et qu’on va tout faire pour transformer cette petite chance qu’on a. Mais la France a une grosse capacité individuelle à chaque position et un collectif avec un potentiel énorme", détaille l'ancien entraîneur de l'IF Brommapojkarna.

"Ils ont un très bon milieu de terrain, leurs trois attaquants sont très rapides, ce sont des joueurs qui auront une très belle carrière. Bien sûr on a aussi de très bons joueurs mais on ne peut pas voir ce match comme une finale anticipée parce que les chances ne sont pas à 50/50 comme ça pourrait être le cas lors de la finale d’un Euro", poursuit-il.

Le vainqueur du match de ce samedi aura d’ores et déjà de très grandes chances de qualification pour l’Euro U19 qui aura lieu à Malte. La France affrontera mardi la Roumanie tandis que la Norvège rencontrera l’Irlande du Nord (battue 1-0 par les Bleuets, mercredi dernier).

S’il met le statut de favori sur les épaules des joueurs de Lionel Rouxel, ce n’est pas pour rien. "Nos joueurs n’ont pas encore énormément d’opportunités dans les équipes A, avance Pimenta. C’est déjà une grande différence entre les deux équipes. La France a plusieurs joueurs qui ont beaucoup de minutes jouées en Ligue 1 ou à l’étranger, comme Mathys Tel. J’aime bien voir ça, les clubs qui parient sur les jeunes joueurs. S’ils sont prêts, ils sont prêts, il y a juste à les lancer !"

"Après ce n’est pas parce qu’ils jouent que leur développement est fini. Mais ça leur donne une expérience différente et de la confiance. La capacité en un contre un dans les couloirs, les combinaisons qu’ils font dans les couloirs sont excellentes."

"L’équilibre que Buayi-Kiala donne à l’équipe est énorme. J’adore voir ce joueur jouer. Il équilibre l’équipe, il distribue superbement le jeu. Il donne beaucoup de solidité à ce triangle défensif. Ils ont des joueurs qui ont peu de déchet technique. Ils ont beaucoup de points forts, il n’y a aucun doute."

Le Bavarois Tel et le Parmesan Buayi-Kiala devraient donc être surveillés de près ce samedi après-midi. Mais la Norvège n’est pas en reste. Outre Schjelderup (Benfica), Hansen-Aaröen (Manchester United) et Nusa (Club Bruges), qui commencent à se faire un nom sur la scène internationale, d’autres jeunes joueurs encore dans l’ombre pourraient faire mal aux Bleuets.

Pour le coach portugais, Niklas Wassberg (Brann), Alwande Roaldsöy (Atalanta) et Nikolai Hopland (Aalesunds) font preuve d’une belle progression pouvant les faire rayonner à l’avenir. Il souligne également la bonne écoute que les joueurs norvégiens ont vis-à-vis de leurs coachs.

La fédération norvégienne impose comme objectif à l’ensemble de ses sélectionneurs chez les jeunes, la qualification pour les phases finales des grandes compétitions pour que ses jeunes pousses engrangent de l’expérience. Un objectif atteint notamment pour le coach des U21 qui participera à l’Euro cet été. Il avait d’ailleurs ouvert la porte à Erling Haaland, toujours sélectionnable dans cette catégorie d’âge.

"L’objectif est que les jeunes joueurs participent aux phases finales pour gagner de l’expérience avant qu’un jour ils soient sélectionnés avec les A en ayant un bagage plus important", conclue Luis Pimenta. La Norvège ne s’est plus qualifiée pour une compétition majeure depuis l’Euro 2000.

Yannis Passerel