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La mauvaise passe de Mandanda

Convaincant en club, le portier marseillais peine à faire la différence en Bleu

Convaincant en club, le portier marseillais peine à faire la différence en Bleu - -

Steve Mandanda peine à se montrer décisif sous le maillot tricolore. Pas aidé, il est vrai, par une défense poreuse et guère rassurante, le portier des Bleus interpelle aujourd’hui sur son niveau international.

Le football est un sport cruel. Un sport au sein duquel la frontière qui sépare votre montée aux nues et votre descente aux enfers est mince. Très mince. Indiscutable hier, incritiquable surtout il y a encore quelques mois, Steve Mandanda est victime de sa cote de popularité. Décisif à plusieurs reprises l’an passé, véritable révélation de l’exercice 2007-08 du dernier championnat de France de Ligue 1, le gardien de l’Olympique de Marseille peine aujourd’hui à confirmer tout le talent qu’on lui sait. Tout le talent qu’on lui prête également.

Le domaine aérien, son vilain défaut

La critique peut paraître dure et injustifiée. Pourtant, Steve Mandanda ne répond plus véritablement présent. Si, en club, l’ultime rempart de l’OM est toujours aussi « bankable » pour sa formation en termes de points gagnés, ce dernier est beaucoup moins serein. Moins autoritaire. Moins sûr de sa force surtout, une vérité confirmée lors du dernier match de championnat disputée par sa formation, face à Caen (succès 2-1), rencontre au cours de laquelle le dernier rempart phocéen avait complètement manqué une sortie aérienne, offrant par la même occasion à Steve Savidan l’opportunité de réduire la marque face aux Olympiens.

Les airs justement. L’une des faiblesses actuelles du gardien de but phocéen. Sur les quatre derniers matches disputés par l’équipe de France (Autriche, Serbie, Roumanie, Tunisie), quatre buts ont été encaissés par Mandanda sur coups de pied arrêtés. Et, excepté le second but roumain samedi dernier (corner et tête victorieuse de Goian au premier poteau), à chaque fois, le portier marseillais n’a pas fait preuve d’une véritable autorité dans le domaine aérien. A 23 ans, il en va de soi, Mandanda est encore perfectible… Mais si, pour sa première saison en tant que titulaire chez les pros, ce dernier a montré des qualités de chef de meute du côté de l’OM, il doit encore forcer sa nature (trop tranquille ?) pour aller au mastic sur ces phases de jeu toujours aussi délicates à défendre. Il aurait, par exemple, dû sortir et provoquer Florentin Petre en duel sur l’action amenant l’ouverture du score roumaine. Face aux Serbes, sa volonté d’aller boxer le ballon n’est pas franche et permet à Ivanovic de le devancer sans sourciller.

Pas décisif en Bleu

A sa décharge, Mandanda n’a pas été aidé non plus lors de ces mêmes rencontres par une charnière centrale tricolore réellement au-dessus de tout soupçon, qu’elle soit composée d’ailleurs de Mexès, de Gallas, d’Abidal ou de Boumsong. D’ailleurs… c’est suite à une bourde de ce dernier que les Bleus se sont retrouvés menés au score par la Tunisie mardi soir. Mandanda était-il fautif pour autant sur l’action de Jemaa ? Non, ce n’est pas lui, évidemment, qui s’est laissé abuser par les dribbles de l’attaquant lensois. En revanche, c’est bien lui qui a commis une grossière faute sur sa ligne, se trouant complètement sur la frappe, décochée pourtant dans un angle fermé, de l’international tunisien. Après coup, ce fait de jeu est plutôt inquiétant pour le portier des Bleus. En effet, ce dernier n’avait qu’un seul arrêt déterminant à faire lors de ce match… et il ne l’a pas fait. La stat, implacable, délivrée par l’Equipe mercredi ne fait qu’accentuer le malaise autour de Mandanda. Sur les sept derniers tirs cadrés qu’elle a subis, la France est allée chercher… à sept reprises également le cuir au fond de ses filets.

Le niveau international est, on le sait, ce qu’il est et cette échelle de valeur a son degré d’exigence. Souvent spectaculaire en Ligue 1, Steve Mandanda n’est pas aussi indiscutable dans le but de la sélection tricolore, pas autant en tout cas qu’il ne l’est actuellement dans le but marseillais. De quoi s’interroger, mettre un point d’interrogation sur les aptitudes à évoluer au plus haut niveau de la révélation de la saison passée. Après tout, rappelons-le, Mandanda n’a que 23 ans… et il est tout à fait probable que ce dernier ne soit pas encore prêt à franchir la barrière de l’échelle internationale. Tout est allé vite, très vite, peut-être même trop vite pour cet ancien portier, encore aux oubliettes du côté du Havre il y a peu de temps de cela. Depuis… un poste de titulaire dans un des clubs les plus scrutés de France, la découverte de la Ligue des Champions et, pour finir, un accès plébiscité au fin du fin : l’équipe de France.

Mandanda est peut-être, finalement, en train de digérer la folle saison qu’il vient de vivre. Une situation loin d’être infâmante… mais qui pourrait, à terme, faire le bonheur d’un autre. Un portier aussi talentueux que le premier cité, titulaire dans le but du septuple champion de France cette saison. Un certain Hugo Lloris…

Alix Dulac