Leboeuf : « Optimiste et inquiet à la fois »

Frank Leboeuf - -
Frank, êtes-vous optimiste pour la qualification de l’équipe de France au Mondial 2014 ?
Je suis optimiste et inquiet à la fois. J’ai plus de questions que de conclusions. Quand j’entends Karim Benzema dire : « A 1-0, c’est comme si on avait laissé tomber », c’est ça le plus grave. C’est qu’ils sont capables de le dire. Didier (Deschamps) le dit bien, c’est un manque d’engagement. On peut être mauvais. Nous, on n’a pas toujours été bon mais on avait l’impression qu’on donnait toujours le maximum et qu’il y avait tout le temps quelque chose de spécial quand on venait en équipe de France. Je suis un peu inquiet parce que je me dis que si on raisonne comme ça, c’est qu’on n’est pas prêt pour jouer en équipe de France.
Est-ce un problème de motivation ?
C’est vrai qu’on est en fin de saison. On peut essayer de trouver toutes les excuses que l’on veut mais on ne peut pas oublier qu’on joue pour son pays. Il y a une valeur patriotique qui entre en ligne de compte. C’est presque une faute professionnelle. Plusieurs équipes de France ont été mauvaises mais on sentait qu’il y avait une âme.
« Je me pose des questions depuis des années »
L’équipe de France manque-t-elle de leaders ?
Je me rappelle de ce qu’on a vécu en 1998. On n’a pas l’impression qu’il y avait un ou deux leaders. Alors il y avait Didier Deschamps, etc. Mais tout le monde était leader. Vincent Candela était presque le capitaine de l’AS Rome, c’était aussi mon cas à Chelsea. Et nous n’étions que des remplaçants. Il n’y avait que des fortes têtes mais des gens qui avaient compris qu’il fallait être 22 pour gagner une Coupe du monde et que ce n’était pas l’individualisme qui allait primer, mais le collectif. Quand ils auront compris ça, je pense qu’ils iront beaucoup plus loin.
Pensez-vous que l’équipe de France va droit dans le mur ?
Pour Didier, j’ose espérer que non. Mais je me pose des questions depuis des années. Je pense qu’il faut plus de temps pour construire une nouvelle génération. Les générations de Luis Fernandez, de Michel Platini ou la nôtre ne se sont pas créées en un an ou deux. L’erreur de Laurent Blanc, c’est d’avoir visé un championnat d’Europe alors qu’il aurait fallu se projeter sur quatre ans. On en paie encore les pots cassés. Je pense sincèrement qu’après la catastrophe de 2010, on avait la capacité de reconstruire une équipe sur quatre ans pour être compétitif au Brésil. Je pense qu’on est toujours sur des jambes un peu cassées.
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