Les Bleues enfin aux Jeux !

Camille Abily, Marie-Laure Delie et Louisa Necib - -
Bruno Bini avait soigneusement préparé son coup. Invité à s’exprimer à la veille de la rencontre contre le Japon (18h) sur l’arrivée de ses joueuses au village olympique après avoir séjourné dans le nord de l’Angleterre, le sélectionneur avait sorti la machine à sulfater. « On a l’impression de rentrer dans les Jeux et de sortir d’une compétition de très haut niveau, pestait-il. Pas grand-chose n’est fait pour la performance. C’est catastrophique. » Voilà qui est dit. Principale conséquence de ce déménagement dans la capitale anglaise, l’équipe de France se retrouve à 1h30 de Wembley et n’est pas allée s’entraîner dans le stade mythique, privilégiant une enceinte plus proche. « On va s’adapter tranquillement. On est agréablement surpris que tout le monde reste serein malgré les problèmes », ajoute Bini.
C’est finalement le paradoxe de cette équipe de France. Sonia Bompastor et ses coéquipières sont les premières à avoir défendu les couleurs françaises dès le 25 juillet. Elles n’ont découvert le village que samedi. « On est arrivé tard, on a dîné dans l’énorme restaurant », glisse Bompastor. Les filles ont ainsi rencontré Tony Estanguet qui se promenait avec sa médaille d’or dans le village. Elles ont pris le petit déjeuner avec le DTN de l’équipe de tennis de table, Michel Gadal. Mais surtout, elles ont gagné leur pari avec Jean-Philippe Gatien, vice-champion olympique de Barcelone (1992) au tennis de table. « Il nous avait dit qu’il ferait nos lits si on se qualifiaient pour les demi-finales. Je ne sais pas si c’est lui qui les a faits, mais tout était parfait », plaisante Bini. Comme si les Jeux avaient finalement commencé.
La télé japonaise dépêche une équipe
« Pour l’instant, on a suivi les Jeux Olympiques à travers la télé. C’était un peu frustrant. On est satisfaites d’être ici. C’est une découverte », sourit Sonia Bompastor. Son entraîneur reprend : « Vous ne pouvez pas imager ce que ça procure comme plaisir, après être parti de la maison, d’entendre parler français par des personnes autres que les familles des joueuses et de voir d’autres personnes. » Même si, pendant la conférence de presse de veille de match, l’équipe de France a eu droit à des questions en… japonais. Une équipe de télévision nipponne avait même tout spécialement fait le déplacement pour l’évènement. Pas question pour autant de dévoiler le moindre secret. Ni sur les forces de l’équipe adverse. Ni sur ses faiblesses. Bruno Bini n’a rien laissé au hasard.
Le titre de l'encadré ici
Les Françaises l’ont déjà fait|||
Quatrièmes de la dernière Coupe du monde, l’équipe de France a déjà battu le Japon (2-0), champion du monde en titre. C’était en juillet dernier en match de préparation, avec deux buts de Marie-Laure Delie et Wendie Renard. Alors forcément, dans les rangs français, on nuance et on insiste sur le caractère préparatoire de cette rencontre. Mais cette équipe « a prouvé qu’on [elle] pouvait le faire », insiste tout de même Elise Bussaglia. C’est à Wembley, à partir de 18h, heure française, que les filles de Bruno Bini joueront pour une médaille. Elles qui étaient tombées à un match de la finale lors du Mondial allemand l’été dernier. « Pour moi qui suis football, il n’y a pas d’égal à la Coupe du monde, balance le sélectionneur. Si j’ai une bonne fée qui vient et me dit : ‘’En un coup de baguette magique, tu peux être champion olympique ou champion du monde. Je choisis le titre mondial. Si elle me dit que c’est impossible d’être champion du monde ou champion olympique, là sans ambiguïté, je demande la médaille. C’est bizarre, mais c’est comme ça. Une médaille aux Jeux, ce n’est pas pareil qu’une place d’honneur à la Coupe du monde. »