Les Bleus, le remède anti-crise

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Et si François Hollande la tenait enfin, la première bonne nouvelle de son quinquennat. Présent au Stade de France après son retour d’Israël, le Chef de l’Etat a eu une pensée pour des « Français qui sont heureux ». Pas faux. Après des mois de sinistrose et un barrage aller plus que morose, « la France du foot et pas que » tient sa parenthèse anti-crise. Sa bouffée d’oxygène éphémère mais bien jouisse. Son remède placebo à des maux bien profonds. « Il y avait deux choses : le jeu et notre pays, qui est un peu en difficulté morale. Cette qualification pour le Mondial au Brésil fait plaisir à toute la France qui se sent regonflée », a admis Noël Le Graët, le président de la FFF.
Dès le coup de sifflet final, les Français ont donc dégoupillé et fait sauter le couvercle d’une cocotte-minute qui n’en pouvait plus de bouillir depuis des lustres. Dans les travées du Stade de France, comme sur les Champs-Elysées et de nombreux endroits clés en province, où des milliers de personnes sont descendues spontanément dans la rue. Pétez les plombs ! Chantez public ! Hurlez citoyens ! Résonnez trompettes ! Un exutoire que seul le sport en général et le foot en particulier peut procurer, à intervalles irréguliers.
Un moment d'unité nationale
Dans l’histoire récente du foot français, il y eut un certain 12 juillet 1998, instant de fraternité et de communion nationale hors-norme. Même si la qualification à un Mondial reste sans commune mesure avec une victoire en Coupe du monde, ce 19 novembre 2014 fera date. A n’en pas douter. « C’est incroyable, a confié Frank Leboeuf, champion du monde il y a quinze ans. C’est fantastique ! La dernière fois que j’avais vu le Stade de France avec une telle ambiance, c’était un certain 12 juillet 1998. »
Preuve que le moment n’était pas ordinaire, même la classe politique a immortalisé l’instant. Alors que le débat sur les retraites battait son plein à l’Assemblée Nationale, les députés –à la demande du socialiste Christian Paul- ont suspendu la séance cinq minutes « pour un moment d’unité nationale ». Par les temps qui courent, ils auraient eu tort de s’en priver.