Les Bleus n’ont plus le choix

Yoann Gourcuff aura une nouvelle fois la lourde tâche d'animer le jeu tricolore - -
De Constanta à Saint-Denis, pas grand-chose n’a changé. La lame sous la gorge de Raymond Domenech s’est légèrement émoussée mais la position des Bleus reste inconfortable. Et en même temps plutôt simple : il faut battre la Roumanie pour se jeter l’esprit libre dans l’enfer du Marakana de Belgrade. L’objectif n’avait pas été rempli à l'aller mais la conviction mise pour arracher le nul (2-2) avait donné les gages nécessaires pour sauver la tête du sélectionneur. Depuis onze mois, les Bleus font le plein avec trois victoires 1-0, contre la Lituanie (deux fois) et aux Iles Féroé. Pas souvent convainquant mais suffisant pour entretenir les espoirs d’une qualification directe pour la Coupe du monde sud-africaine avant un double rendez-vous capital.
« On n’a plus le choix », assume Patrice Evra. Tout autre résultat qu’une victoire au Stade de France serait effectivement catastrophique quatre jours avant de se rendre chez le leader serbe qui compte cinq points d’avance – mais un match en plus- sur son dauphin tricolore. « Attention, prévient Evra. Les gens ont tendance à parler de la Serbie. Pour eux, c’est déjà fait, on a déjà trois points contre les Roumains. Mais ce sera difficile car on a l’obligation du résultat. » Celle de séduire aussi.
Anelka : « C’est un peu toujours le même scénario »
Les sifflets ont quasi systématiquement accompagné les prestations des Bleus depuis le fiasco de l’Euro 2008. « On n’a pas toujours fait ce qu’il fallait pour être bien avec le public », admet Lassana Diarra. « On aimerait que les supporters mettent un peu plus la pression sur notre adversaire » -sous-entendu plus que sur nous-, réclame de son côté Bacary Sagna. Mais même le président Escalettes, soutien n°1 supposé, a fait part mardi dans les colonnes du Parisien d’une « inquiétude très importante ».
La bouillie de football proposée le mois dernier à Torshawn a notamment mis en relief des lacunes persistantes dans la finition. Dans l’entrejeu, Lassana Diarra et Jérémy Toulalan peinent à desserrer le frein à main alors que le laboratoire de la défense n’a toujours pas accouché d’une formule magique. Depuis plus d’un an, aucune paire de défenseurs centraux n’a tenu plus de deux matches de suite. Et Franck Ribéry, pas encore remis à 100%, devrait débuter sur le banc.
Mais tout n’est pas pour autant gris dans le ciel de Clairefontaine. Le vent de l’histoire souffle plutôt dans les voiles françaises. En huit venues dans l’Hexagone, la Roumanie ne s’y est imposée qu’une fois, en 1967. Presque une éternité. Les hommes du nouvel entraîneur roumain Razvan Lucescu viseront l’exploit au Stade de France sans leur attaquant vedette Adrian Mutu. Et malgré des difficultés récurrentes en qualifications, les Bleus n’ont plus raté ces rendez-vous décisifs depuis un France-Bulgarie de triste mémoire il y a plus de quinze ans. « On avait aussi eu du mal à se qualifier pour l'Euro (2004) et la Coupe du monde (2006), rappelle Nicolas Anelka. C'est un peu toujours le même scénario. » Dont les deux prochains chapitres ont des airs de dénouement.