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Les raisons d’un événement

20 juin 2010 : les joueurs de l'équipe de France décident de ne pas s'entrainer. Point de départ des Etats Généraux du foot français qui débutent jeudi à l'INSEP, Paris

20 juin 2010 : les joueurs de l'équipe de France décident de ne pas s'entrainer. Point de départ des Etats Généraux du foot français qui débutent jeudi à l'INSEP, Paris - -

Quatre mois après le fiasco de Knysna, le football français tient ses États Généraux jeudi et vendredi à Paris. La concrétisation d’un rendez-vous initié au plus haut sommet de l’Etat.

La genèse des Etats généraux remonte au 20 juin, jour du fameux boycott de l'équipe de France sur le terrain d’entrainement du Pezula Resort, en Afrique du Sud. Les joueurs regagnent l’hôtel en signe de protestation contre le renvoi de Nicolas Anelka par la Fédération française de football, après ses insultes contre le sélectionneur. Deux jours plus tard, les Bleus de Raymond Domenech sont battus 2-1 par l’Afrique du Sud et quittent la Coupe du monde dans la consternation générale. Dès lors, et sans attendre l’élimination de la France, les évènements se précipitent.
« Mutins », « fiasco », la débâcle devient une affaire d’Etat, les politiques entrent dans le vestiaire des Bleus. Le lendemain du boycott, Nicolas Sarkozy dépêche sa ministre des Sports auprès des Bleus. « C’est le Président qui m’envoie », clame Roselyne Bachelot. Fort du soutien du Chef de l’Etat, Bachelot désigne le coupable, 48h après l’élimination de l’équipe de France : Jean-Pierre Escalettes, président de la FFF. « Je ne l'ai pas souhaité mais son départ est inéluctable », assène-t-elle. Une injonction jugée comme une ingérence par la FIFA, qui hausse le ton, d’autant que Nicolas Sarkozy reçoit Thierry Henry à l’Elysée : « Personne ne doit demander à qui que ce soit de démissionner. Le système du foot mondial existe sous l'égide de la FIFA. J'espère que les gens seront intelligents ». Las, Escalettes rend les armes le 28 juin. L’Elysée, qui a lancé l’idée des Etats généraux du football, préfère alors passer la main aux instances.

Ambiance délétère

Escalettes hors-jeu, la FFF entame sa reconstruction. Une commission d’enquête indépendante est constituée début juillet et désigne cinq joueurs comme principaux responsables du fiasco : Anelka, Evra le capitaine, Ribéry, Toulalan et Abidal. Le 23, Fernand Duchaussoy, patron du foot amateur, est appelé pour assurer l’intérim à la tête de la Fédération. Le 17 août, le verdict tombe : 18 matches de suspension pour Anelka, 5 pour Evra, 3 pour Ribéry, 1 pour Toulalan, aucun pour Abidal. Laurent Blanc, nouveau sélectionneur, grogne, mais la « 3F » tient bon, et ce même si l’équipe de France, profondément remaniée, s’incline pour son premier match des éliminatoires de l’Euro 2012 contre la Biélorussie (0-1), le 3 septembre au Stade de France.
Une semaine avant la tenue des États généraux, le président par intérim de la Fédération française fait face à une fronde de certains membres du Conseil fédéral. Mis en cause après avoir sollicité des intervenants extérieurs pour améliorer sa communication, Duchaussoy dérange depuis qu’il a annoncé son intention de rester aux commandes jusqu’en 2012. En dépit de cette ambiance délétère, les Etats généraux s’annoncent dans un contexte plutôt favorable : sur le terrain, les Bleus sont premiers de leur groupe des éliminatoires de l’Euro 2012 après deux victoires et une défaite. Dans les caisses de la FFF, les comptes sont à peu près stabilisés avec un déficit maîtrisé pour l’exercice 2009/2010 (1,36 M€). Des trois ateliers de travail prévus à l’INSEP du 28 au 29, celui sur la gouvernance du foot français est le plus attendu. « C’est une chance historique, annonce Duchaussoy. Mettre autour d’une table tous les responsables du football amateur et professionnel, ça ne s’est jamais fait avant. On va avancer. »

Louis Chenaille (avec S.O.)