Liste des 23 : les explications de Deschamps

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Un groupe décidé de longue date ?
« J’ai brassé pas mal de joueurs pendant deux ans mais je connais le groupe depuis longtemps. Avec mon staff, on les connaît sur le plan du football, comme sur le plan humain. Je suis dans une logique sportive, tout en sachant que je ne fais pas une liste pour trois ou dix jours. On est parti pour minimum cinq à six semaines. Bien connaitre les joueurs est une chose mais bien connaitre les hommes permet de mieux appréhender le tout. »
Annoncer tout de suite les réservistes pour ne pas revivre le passé ?
« Je l’ai vécu en tant que joueur et j’ai toujours été convaincu qu’il fallait faire ça. Sur la logique sportive, on ne sait jamais ce qui peut se passer. Mais la logique humaine est de donner tout de suite les 23. Ce n’est peut-être pas la meilleure solution mais c’est la moins mauvaise. Ça me permet d’avoir 23 joueurs concernés et qui se préparent avec un état d’esprit pour aller jouer cette compétition. Laisser les sept réservistes dans la nature, même avec un programme athlétique, c’était prendre des risques sportifs trop élevés si jamais j’ai besoin d’eux à un moment. Ils auront fait une préparation, des entraînements, les tests physiques et ils auront vécu avec ce groupe pendant au moins une semaine. C’est important au cas où. Ce n’est pas la meilleure place mais ils sont là. Qu’ils ne soient pas ravis à 100%, c’est évident. Mais on ne sait jamais ce qui peut se passer. Ils vont aussi vivre avec le groupe. Certains joueurs, si je ne les prends pas dans les 23, c’est inconcevable de les prendre comme réservistes car ils ont déjà un vécu en équipe de France. J’ai aussi fait des choix en fonction de ça, Gaël Clichy par exemple, même s’il y en a d’autres. »
Griezmann-Digne, une sélection et direction le Mondial : un risque ?
« Les risques peuvent aussi exister avec un joueur qui a 30 ou 40 sélections. Un joueur qui n’a pas d’expérience, pour qu’il puisse en acquérir, il faut lui donner du temps de jeu et l’occasion de disputer une grande compétition. Pour certains d’entre eux, ça va être la première. Ça doit leur permettre de se préparer pour le futur. En tant que sélectionneur, je leur laisse un peu plus de marge d’erreur par rapport à un joueur qui a déjà un vécu en sélection. Mais ces joueurs qui ont peu de sélection ont aussi autour d’eux des joueurs qui ont déjà disputé plusieurs compétitions. Ça permet d’avoir un groupe équilibré. »
Ecarter Eric Abidal, un crève-cœur
« Je fais des heureux mais aussi beaucoup de malheureux. Abidal est un cas à part. Humainement, c’est la plus difficile des décisions de par ce qu’il est, ce qu’il a traversé, et parce que je lui ai donné un espoir quand je l’ai repris. Je voulais m’appuyer sur lui. Son niveau de compétitivité en début de saison ne portait pas à discussion. Ce n’est plus le cas ces derniers mois. Pour un joueur qui a un statut, se retrouver dans un groupe sans jouer, je suis convaincu que ce n’est pas une bonne chose. Il faut aussi ajouter le fait de pouvoir préparer ce qui nous attend derrière. C’est pour ça que j’ai choisi un joueur comme Eliaquim Mangala. Il est beaucoup plus jeune et possède moins d’expérience mais ça doit lui servir pour le futur. »
Ecarter Nasri, choix cornélien ?
« Je l’ai dit, je ne m’appuie pas sur la forme du moment. Une saison, c’est dix mois. On peut avoir une dernière impression et on la retient plus que celle d’il y a trois ou quatre mois, ce qui ne veut pas dire que Samir n’était pas performant avec son club il y a quelques mois. C’est un joueur avec beaucoup de qualités. Mais aujourd’hui, ses performances en équipes de France ne sont pas à la hauteur de celles qu’il réalise à Manchester City. Il y a aussi le statut. A City, il est important et titulaire. Ce n’est pas le cas en équipe de France et ce n’est pas évident. Ce n’est pas le seul dans ce cas-là et ce n’est pas facile à vivre. Plus pour certains que d’autres. Ses sorties dans la presse ? Que ce soit Samir ou d’autres, ils ont la liberté de parler et de dire ce qu’ils veulent. Rien ne se fait par rapport à ça. J’ai ma propre conviction avec mon staff car ce sont des joueurs que j’ai eus plusieurs fois. ! Samir, je l’ai eu sur quatre rassemblements et sept rencontres. Je l’ai vu débuter, rentrer ou ne pas jouer. Je donne trois aspects sur mon choix mais vous retenez le dernier. Libre à vous ! »
Grenier, Mavuba et Rémy, trois joueurs en manque de temps de jeu. Un stage préparation pour les jauger et éventuellement les remplacer ?
« Je ne pars pas avec l’idée de les remplacer. On va avoir une image de chaque joueur sélectionné avec les temps de jeu, les périodes de blessure, l’accumulation de fatigue, et on adaptera la préparation en fonction. Elle sera presque individualisée. Après, si j’ai des éléments qui me font penser que ces joueurs-là ont un souci et ne peuvent pas être à 100%, les réservistes sont aussi là pour ça. Mais aujourd’hui, je n’ai aucun élément dans ce sens. »
Onze joueurs de la liste n'étaient pas à l
« Je vais faire une autre référence. On dit souvent qu’Aimé Jacquet a préparé 1998 avec l’Euro 1996. Vous savez combien de joueurs étaient présents en 96 puis en 98 ? A peu près pareil, une dizaine. Il y a du changement, des joueurs qui n’évoluent pas comme on le souhaite, d’autres qui se révèlent. L’important, c’est d’être performant. Il y en a des joueurs qui comptent beaucoup de sélections et d’autres beaucoup moins. Ces derniers ne sont pas sûrs sûrs d’être à l’Euro 2016 mais quand je les sélectionne aujourd’hui, c’est aussi en pensant à cette échéance. Tout en considérant qu’ils peuvent déjà apporter quelque chose au groupe. »
Morgan Schneiderlin, la surprise des réservistes
« Il est peut-être méconnu du grand public car il ne joue pas dans un club anglais toujours télévisé. Mais on le suit depuis plusieurs mois. Il a connu les sélections de jeunes, il reste sur deux très bonnes saisons, il est performant dans un registre de milieu relayeur, avec beaucoup de justesse et de volume. Il marque aussi quelques buts et il est capable de se projeter. »
La peur de revivre Knysna ?
« On en revient à il y a quatre ans… Il s’est passé ce qu’il s’est passé, personne ne pourra l’effacer. Je ne prépare pas le Mondial 2014 en réfléchissant à il y a quatre ans. C’est passé. On part avec les meilleures intentions. Evidemment, vivre dix jours ou six semaines ensemble, ce n’est pas la même chose. Sur le plan humain, vivre aussi longtemps avec des caractères, des personnalités, des joueurs qui vont moins jouer que d’autres, ça demande une harmonie, de l’aptitude à vivre ensemble et à faire passer l’intérêt collectif avant le personnel. Ils ont tous envie d’être importants et ils le sont. Même ceux qui ne joueront pas du tout seront importants dans le groupe. On veillera avec le staff à essayer de ne perdre personne. Mais je n’ai pas la prétention de dire qu’il ne va rien se passer. J’espère surtout qu’il va se passer des choses positives. On est là pour vivre des émotions, faire vibrer des gens et aller au bout de nos intentions. »
Lacazette réserviste, Payet oublié
« Il y a eu des choix, certains plus difficiles entre deux joueurs au même poste. Si Alexandre Lacazette est là, c’est que j’ai confiance en lui. Il n’est certes pas dans les 23 mais il est dans les 30. Cela peut se jouer à peu de choses. Par rapport à ceux qui ne sont pas là, j’estime que ceux qui y sont apportent quelque chose en plus. Ça marche pour Dimitri Payet comme pour d’autres. »
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