Luxembourg, le modeste eldorado des joueurs français

Naturalisé luxembourgeois, Sébastien Rémy a pu réaliser un rêve : jouer au niveau international contre les plus grands - -
Tous les jours, Sébastien Rémy quitte son pavillon de Dudelange aux alentours de 7h45 pour rallier son lieu de travail, une société immobilière de la ville. Rien d’extraordinaire dans le quotidien de ce responsable clientèle de 34 ans. Sauf que le Français est joueur amateur dans le club du coin, l’un des meilleurs du pays et actuel leader du championnat, le F91 Dudelange. Et qu’il est payé pour cela. « Je gagne entre 2 000 et 3 000 euros par mois, détaille-t-il. Ces revenus dépendent des résultats du club mais cette situation est hyper confortable. »
Sébastien n’est pas un cas isolé de la BGL Ligue, le championnat d’élite du Luxembourg. La plus forte division n’a pas le statut professionnel mais elle n’en rémunère pas moins ses protégés. « Certains joueurs, d’anciens pros, touchent entre 5 000 et 6 000 euros », poursuit Sébastien Rémy.
Réputé pour ses banques, le Luxembourg est devenu un eldorado financier pour les footballeurs français en mal de reconnaissance. Stéphane Léoni ne dira pas le contraire. Après avoir pas mal roulé sa bosse (Angleterre, Ecosse, Allemagne,) l’ancien Messin s’est retrouvé au chômage. C’est à Differdange, club auquel il est lié pendant six mois, qu’il veut relancer sa carrière. « Plutôt que de rester sans club, j’ai préféré venir ici, explique-t-il. Si je n’ai rien trouvé en janvier, je resterais ou je ferais ma reconversion dans l’immobilier. »
Une retraite dorée
Si les infrastructures des clubs sont de qualité, le niveau d’ensemble du championnat est très moyen, « entre la 10e et la 20e place du National » à en croire Léoni. « Nous n’avons que 500 000 habitants, rappelle le président de la fédération luxembourgeoise Paul Philipp. Le marché est trop petit pour avoir des équipes professionnelles.» Peu importe, la BGL Ligue reste attractive aux yeux des Français. « C’est une petite retraite dorée pour eux », confie Sébastien Rémy, qui a côtoyé d’anciennes connaissances de la Ligue 1 comme Jean-Philippe Séchet (ex-PSG) ou Tony Vairelles (ex-Lens).
Etre joueur amateur au Luxembourg n’a pas que des avantages financiers. Marié à une Luxembourgeoise, Sébastien Rémy s’est naturalisé et a ainsi pu connaître les joies de la sélection ainsi que l’honneur du capitanat en l’absence de Jeff Strasser. « J’ai joué contre Luis Figo, Miroslav Klose et quatre fois contre le meilleur joueur du monde, Cristiano Ronaldo », confie avec émotion l’intéressé. Ce mercredi, l’ancien international (52 sélections) ne sera pas de la partie face à la France, contrairement à Jonathan Joubert, le gardien naturalisé lui aussi. Qu’à cela ne tienne. Comme beaucoup d’autres, Sébastien Rémy a déjà accompli son rêve luxembourgeois.