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Mandanda : « J'aurais pu risquer une paralysie »

Steve Mandanda

Steve Mandanda - -

Une semaine après l’annonce de son forfait pour le Mondial, le gardien international avoue sa déception mais estime avoir eu de la chance dans son malheur. Il se tourne désormais vers l’Euro 2016 et évoque son avenir à l’OM.

Steve, comment allez-vous ?

Ça va beaucoup mieux. J’ai beaucoup souffert samedi et dimanche, j’avais du mal à bouger. Au niveau de la douleur, ça va beaucoup mieux. J’arrive à me déplacer, à tourner la tête. C’est de mieux en mieux et je suis content.

A quel moment avez-vous pris conscience de la gravité de la situation ?

Apres ma perte de conscience, je retrouve mes esprits et je vois le docteur qui me parle. Je sais que je suis au stade, je sais qu’il y a un match qui se déroule mais je ne sais pas comment je me suis retrouvé par terre (un choc tête contre genou avec le Guingampais Mustapha Yatabaré, ndlr), ce qu’il se passe. J’essaye de me relever mais je vois que c’est impossible. La douleur est trop forte. J’ai mal partout. Je me dis : « Ne bouge pas, mais de tout de façon, je ne pouvais plus bouger. » Je suis perdu. On me transporte dans l’ambulance avec les pompiers. J’ai très mal. Je demande des calmants mais ils ne peuvent pas me les donner. Au moindre mouvement de l’ambulance, je souffre. Une douleur incroyable.

Comment se sont passées vos 48 heures à l'hôpital ?

Ça été très, très douloureux. La première nuit, j’ai mal mais je suis bien entouré. Dans la nuit, je me dis que ce n’est qu’un coup et que, dans deux ou trois jours, je vais aller mieux et pouvoir retrouver les terrains. Mais le dimanche matin, tout bascule. Quand le neurochirurgien vient me voir et me diagnostique une fissure aux cervicales, ça me fait très peur. Et quand il m’annonce que c’est mort pour la Coupe du monde, c’est une grande douleur, une énorme déception. Je prends conscience de la gravité des évènements quand le docteur me dit que si je n’avais pas été aussi costaud, j’aurais pu risquer une paralysie.

« Florian Thauvin est resté deux jours à l'hôpital avec moi »

Avez-vous senti un grand soutien ?

Beaucoup de monde est passé me voir, notamment Florian Thauvin qui est resté dormir avec moi deux jours à l’hôpital. Ça m’a beaucoup touché. C’est fort et ça restera gravé dans ma mémoire. Je sais que son action a étonné beaucoup de monde parce que les gens ont eu une mauvaise image de lui. C’est un jeune homme respectueux, bon. Son geste confirme tout le bien que je pense de lui. Je l’ai vu dormir sur des brancards. Il était là pour moi dans ce moment dur. Il se levait la nuit pour me ramener quelque chose alors qu’il dormait. Quand on est tout seul, on réfléchit, on se prend la tête. La présence d’un ami évite cela. Les messages du public m’ont aussi permis de retrouver le moral. J’ai reçu plein de messages sur Twitter ou Facebook par le club. J’ai sous-estimé l’ampleur que ça a pris. Ça m’a fait du bien de voir que j’étais apprécié. Je tiens à remercier toutes les personnes qui m’ont soutenu. C’est important de voir que les gens tiennent à toi. Ces messages m’ont permis d’atténuer ma douleur de rater le Mondial.

Êtes-vous quand même déçu d'avoir dû renoncer à la Coupe du monde ?

Oui, quand même parce que je loupe un grand évènement. C’est la grosse déception. Après, j’essaie de me rassurer en me disant que j’ai eu de la chance malgré tout, parce que ça aurait pu être beaucoup plus grave. J’ai la chance que cette blessure ne me laissera pas de séquelles. Au départ, je ne réalisais pas trop. Quand j’ai eu mes potes de Clairefontaine au téléphone, ça m’a fait vraiment plaisir mais quand tu raccroches, tu te dis : « J’aurais pu être avec eux. » Et là, j’ai réalisé que je n’allais pas participer à cette compétition et que je loupais quelque chose de grand.

Cela peut-il aussi vous donner une force supplémentaire ?

En loupant cette compétition, et avec tout le soutien que j’ai pu avoir, je me dis que je ne peux pas m’arrêter sur ça. Il y a encore l’Euro qui arrive et un autre Mondial. L’objectif pour moi, c’est de faire partie de ces groupes-là. Ça me donne des objectifs et une motivation supplémentaires.

« L'OM, c'est ma maison est c'est difficile de quitter la maison »

Allez-vous rendre visite à vos partenaires ?

J’ai eu pratiquement tout le monde de l’équipe de France et ils m’ont invité à aller les voir en France. Le président Le Graët m’a même invité au Brésil. Je ne sais pas comment ça va se passer mais si je peux, j’irai les voir.

Les salariés du club ont posé avec une photo géante de vous avec un message de soutien, tout comme les supporters de l'OM qui se sont mobilisés. Ces marques d'affection peuvent-elles influer sur votre avenir ?

Quand j’ai vu cette image, ça m’a beaucoup touché parce que c’est quelque chose de fort. Je ne pense pas que ce genre de chose se serait passé dans beaucoup de clubs. Je tiens à les remercier pour ces messages. Ça compte, ça touche et ça peut peser dans la balance au moment de faire un choix. J’aime l’OM, les salariés du club et les supporters. Ça fait huit ans que je suis là, c’est ma maison et c’est toujours difficile de quitter la maison. Aujourd’hui, il n’y a rien de fait et je ne sais pas ce que je ferai la saison prochaine. Mais ça compte énormément dans une décision finale.

Que pensez-vous de la titularisation de Stéphane Ruffier, mardi face à la Norvège ?

Je manque une sélection, j’aurais pu en avoir une de plus (il rigole). Tant mieux pour Steph’, je lui souhaite d’être performant et surtout j’espère que l’équipe va gagner et va bien débuter la préparation parce que c’est important pour la confiance.

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Propos recueillis par Mohamed Bouhafsi