
Matuidi, la semelle qui fait débat

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Même Diego s’en mêle. Jamais le dernier à polémiquer, Maradona a profité d’une émission qu’il anime au Venezuela pour se lâcher : « C’est impossible que l’arbitre n’ait pas vu ce tacle comme un geste criminel ». Enflammé, le champion du monde 1986 juge même l’action « pire » que la morsure de Luis Suarez sur Giorgio Chiellini. Sa cible ? Blaise Matuidi et sa lourde semelle sur Ogenyi Onazi à la 54e minute du huitième de finale entre la France et le Nigeria (2-0) ce lundi. A l’évocation de ce geste, le désormais ex-sélectionneur nigérian Stephen Keshi avait les déclarations amères : « L’arbitrage n’était pas au niveau et le parti-pris en faveur des Français. C’est une honte. »
Au ralenti comme en vitesse réelle, la violence du choc ne trompe pas. Tout de suite, le milieu parisien se penche sur son adversaire pour s’excuser. Il recommencera à la sortie du pré. « Je n’y vais pas pour lui faire mal, explique alors Blaise. Je voulais juste récupérer le ballon. Je suis un peu déçu de cette action parce que je ne suis pas un joueur méchant. Je suis allé dans le vestiaire nigérian pour m’excuser. » Rebelote ce mardi sur Twitter avec un message adressé à sa « victime » : « J’aimerais m’excuser pour ce qui est arrivé. Je suis désolé. Je te souhaite le meilleur et un rétablissement rapide ». Beau joueur, le Nigérian de la Lazio avait accepté la repentance du Français, toujours via les réseaux sociaux : « Merci de ton soutien et de ton attention. Que le jeu continue. »
Deschamps : « Est-ce que je crains une suspension ? Non »
Un respect qui n’empêche pas la réalité physique : évacué sur une civière et transporté à l’hôpital où un plâtre a été posé sur sa jambe gauche, Onazi souffre d’une fracture tibia-péroné. Devant un tel verdict, la question se pose. La FIFA pourrait-elle sanctionner à posteriori le geste de Matuidi, à l’image de la suspension infligée à Suarez ? Didier Deschamps n’y croit pas. « Moins j’en parlerai, mieux ce sera, s’amuse le sélectionneur des Bleus. C’est le cas dans chaque match : il y a des duels et on y va aussi. D’autres choses auraient aussi pu être sanctionnées. Il y a une telle intensité et un tel rythme qu’il suffit d’arriver une dizaine de secondes en retard… Je suis désolé pour Onazi, Matuidi s’est excusé mais malheureusement ça peut arriver. Si je crains une suspension de la FIFA ? Non. »
Des propos corroborés par l’ancien arbitre international Joël Quiniou. « C’est une faute grossière, commise avec un excès d’engagement et de brutalité, estime la légende du sifflet. L’arbitre a considéré cela comme une faute d’antijeu en limitant sa sanction disciplinaire à un simple carton jaune. Il a jugé sur le terrain. S’il n’avait pas donné de carton, la FIFA et la commission de discipline auraient pu saisir les images et sanctionner le joueur a posteriori. Mais dans la mesure où la sanction a déjà été prise par l’arbitre, que l’on soit d’accord ou pas, je ne vois pas comment on pourrait revenir dessus. Il aurait fallu qu’il n’y ait pas de sanction ou que ça se passe en dehors du champ visuel de l’arbitre. » Seule créneau pour une plus lourde sanction ? Que l’arbitre lui-même, après visionnage, reconnaisse qu’elle était trop légère et remette un rapport détaillé qui permette à la commission de se pencher sur son cas. Aucune information ne va pour l’instant dans ce sens.
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