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Oublié, le cauchemar de 1993?

Samir Nasri

Samir Nasri - -

Il y a dix-huit ans, avec deux matchs à domicile pour finir, la France n'avait besoin que d'un point pour se qualifier pour la Coupe du monde 1994. Résultat, deux défaites face à Israël (2-3) et la Bulgarie (1-2, but de Kostadinov à la dernière minute) et un traumatisme historique que les Bleus d'aujourd'hui ne veulent évidemment pas revivre.

Le souvenir est tenace, la trace indélébile. Aujourd’hui encore, on cause de l’élimination traumatisante de novembre 1993, ces deux défaites-assommoir subies par les hommes de Gérard Houllier au Parc des Princes. Un scénario qui reste d’actualité alors que se profilent deux rendez-vous décisifs au Stade de France (Albanie puis Bosnie-Herzégovine mardi prochain). Comme en 1993, le pire peut être envisagé. Laurent Blanc le sait mieux que quiconque. « J’étais persuadé que vous alliez faire référence à ce match », s’est-il amusé en conférence de presse. Perspicace le sélectionneur des Bleus, oui, mais pas dupe pour autant. D’autant qu’en 1993, Laurent Blanc était titulaire en défense centrale face à la Bulgarie (1-2). Il avait vécu de l’intérieur le drame de l’élimination : « Oui, on va avoir la pression sur ces deux rencontres, confirme le coach. Mais on sait tous que dans une campagne de qualification, à un moment donné, il y a des rendez-vous couperets qu’il ne faut pas louper. Là c’est le cas. Comme j’ai dit aux joueurs, quand on s’engage, il faut s’attendre à des matches avec cette pression particulière ».

Luis Fernandez : « J'ai peur de revivre 1993 »

Sensibilisé, le gardien de but Hugo Lloris a retenu la leçon : « En 1993, j’avais tout juste huit ans. J’ai donc vu cette rencontre qui correspond à une page historique des Bleus. Donc il faut bien sûr éviter de revivre ce genre de scénario. En plus, il y avait une génération talentueuse avec des joueurs qui m’ont fait rêver. Je pense à Ginola, Cantona, Lama. Mais à l’époque, ça n’avait pas suffi… ». Sans Karim Benzema, Franck Ribéry ni Kévin Gameiro, tous blessés, les Bleus ne se présentent pas dans les meilleures dispositions face à l’Albanie et la Bosnie-Herzégovine. L’ancien membre du « carré magique » des années 80, Luis Fernandez, confirme : « Certains éléments importants ne seront pas là. Je suis inquiet d’autant que la pression va être énorme. Mais il faut qu’il y ait un soutien total pour les Bleus. Ce serait terrible de ne pas se qualifier directement pour l'Euro. J'étais dans les tribunes en 1993 et j'ai peur de revivre la même chose ».

Une inquiétude que ne partage pas son congénère Alain Giresse : « Je ne pense pas qu’on puisse vivre un deuxième France – Bulgarie. Même si on est actuellement en reconstruction et si on a des handicaps avec des forfaits, on est encore dans le coup. A mon avis, on est bien loin de tout ce qu’on a vécu en 1993. » Le plus drôle, si l’on peut dire, étant que la mission des Bleus de 2011 est mathématiquement plus compliquée avec quatre points à prendre pour être sûrs d’aller en Pologne et en Ukraine en juin prochain. Avec l’Albanie dans le rôle d’Israël et la Bosnie dans celui de la Bulgarie, la ressemblance est troublante. Les supporters français espèrent qu’elle s’arrêtera là.