Rémy : « Ma force ? Retomber là où je veux aller »

Loic Rémy - AFP
Loïc, vous êtes le buteur décisif contre l’Espagne hier soir (jeudi, ndlr). Cela doit être plaisant de marquer contre ce genre d’équipe ?
Ça fait plaisir oui. On a eu une opposition très intéressante. On avait à cœur de faire un bon match après la belle Coupe du monde. On était super content de se retrouver et ça s’est retranscrit sur le terrain avec la victoire à la clé. Personnellement, ça fait toujours plaisir de marquer contre ce genre d’équipe.
Zidane était le dernier buteur français contre l’Espagne au Stade de France. Le saviez-vous et était-ce important pour vous de lui succéder ?
Pour moi, le plus important, c’était de gagner ce match-là. Après, le coach nous a dit que ça faisait longtemps que l’équipe de France n’avait pas gagné contre cette sélection espagnole et que c’était bien aussi pour les stats et pour l’histoire de renverser cette tendance. C’est sûr que c’est bien. On est là aussi pour marquer l’histoire et je suis très content de succéder à Zidane.
Avec ce but inscrit, n’est-ce par le meilleur moment pour montrer à José Mourinho et à Didier Deschamps, en l’absence d’Olivier Giroud, que vous êtes bien là ?
Il n’y a pas de meilleurs moments. Dès que j’ai l’occasion de jouer, j’essaie de faire le maximum. Ce genre de rencontres-là conforte peut-être un peu plus l’entraîneur dans ce qu’il veut faire. Pour moi, toutes les occasions sont bonnes pour marquer des points. Hier (jeudi), j’avais à cœur de bien rentrer et de faire gagner mon équipe.
On sait que vous avez une préférence pour l’axe et que la concurrence y est féroce. Comment vous positionnez-vous par rapport à ça ?
Je n’ai pas de préférence. Je peux jouer sur le côté, dans l’axe. J’aime bien l’axe, c’est vrai mais après il y a du monde. Karim est déjà bien installé dans l’équipe, Olivier a aussi fait un gros travail. Moi je suis là pour aider le collectif. Que l’on m’utilise dans l’axe ou sur le côté, je donne le maximum. L’objectif, il est commun : c’est l’Euro 2016. On a un groupe, on a démontré, que ce soient les joueurs qui commencent ou qui rentrent, que tout le monde était là pour apporter quelque chose. Peu importe le poste. Il faut laisser ces états d’âme de côté et donner le meilleur tout simplement.
Vous étiez parti à la Coupe du monde pour être la bonne surprise. Vous avez 27 ans aujourd’hui. Comment abordez-vous les deux années à venir ?
Je prends match par match. Je ne mets pas de pression. Ça fait un moment maintenant que je suis en sélection. Je sais que tout peut aller très vite. L’Euro 2016 arrive à grands pas, à moi de me mettre dans les meilleures conditions pour être dans le groupe. Forcément, tout le monde aspire à jouer mais il n’y a que onze places. Si j’ai la possibilité de démontrer à chaque sortie que je peux apporter un plus, on verra. C’est l’entraîneur qui décide au final.
L’ équipe de France peut-elle vraiment évoluer sans Franck Ribéry ?
Franck pouvait nous apporter beaucoup d’expérience. C’était un plus, bien sûr. Après, le fait de dépendre d’un joueur aussi, ce n’est peut-être pas forcément la meilleure solution. En tout cas, le groupe vit très bien. On arrive à gagner des rencontres comme celle d’hier (jeudi, ndlr) sans lui. Après, je ne vous dis pas qu’il ne nous manque pas.
Même si Didier Deschamps a dit qu’il ouvrirait le groupe pendant deux ans, avez-vous envie de poursuivre l’aventure jusqu’en 2016 tous ensemble ?
Vu comment ça s’est passé, j’aurai tendance à dire que je signerais pour que ça se repasse de la même manière, enfin, avec la finale à la clé et l’Euro. Au niveau humain, ce groupe-là vit très bien. Il est jeune, dynamique. Il n’y a pas de secrets : quand on a un groupe qui vit comme ça, les résultats sont forcément meilleurs. Chacun fait l’effort pour l’autre. C’est un groupe qui est uni. Je ne peux pas prédire l’avenir, il peut y avoir des blessures mais j’espère que la plupart des joueurs qui ont fait la Coupe du monde feront l’Euro. On verra si d’autres joueurs se greffent mais il est important que ces joueurs adhèrent à l’état d’esprit actuel.
« Je sais où je veux aller »
Le sélectionneur vous a-t-il fixé des objectifs en vue de l’Euro 2016 ?
Il ne nous a pas fixé d’objectifs mais il nous a dit que lors des derniers mois et l’image qu’on a donné du niveau où on pouvait être, on ne pouvait pas redescendre en dessous. Les gens ont aujourd’hui beaucoup d’attente. Même si ce ne seront que des matches amicaux, il faudra rester à ce niveau-là. Cela reste une préparation. Pour nous, chaque match est important. Le coach nous a dit qu’il n’y avait pas de plaisir si il n’y avait pas la gagne au bout. Alors tous les matches, on aura envie de les gagner jusqu’à l’Euro.
Vous sortez d’une belle semaine : vous signez à Chelsea, vous marquez contre l’Espagne. Mais avant, vous deviez signer à Liverpool. Pourquoi cela ne s’est-il pas fait ?
Je ne sais pas. Je ne suis pas rentré dans les détails. Je n’ai pas compris moi-même. Je n’ai pas voulu en savoir plus.
Comment s’est passée votre arrivée à Chelsea ?
Ça s’est fait sur le tard. Dans ma tête, j’étais plus parti pour rester à QPR. Après quand une opportunité comme ça arrive, on ne peut pas refuser. C’est l’un des meilleurs clubs au monde. Pour moi, pour ma marge de progression, je n’ai pas hésité une seule seconde. Je suis content d’avoir signé dans un club comme ça. Pour la confiance, c’est toujours bien. Maintenant, il y a un certain niveau d’exigence à avoir en jouant dans ce genre de club et je sais que j’ai beaucoup de travail à effectuer pour jouer le plus possible.
Ce transfert vous permet aujourd’hui de faire taire les critiques et de démontrer que vous ne vous étiez pas trompé sur votre plan de carrière.
C’est exactement ça. On fait des choix de carrière. Beaucoup de gens se sont dit que c’était peut-être un passage (QPR, ndlr) qui allait me faire tomber aux oubliettes. Finalement, je suis là devant vous, j’ai signé à Chelsea. On essaie de faire les meilleurs choix de carrière. Je pense les avoir fait. Aujourd’hui, quand je regarde la position dans laquelle je suis, je reviens d’assez loin. Avec tous les problèmes que j’ai pu avoir, je m’en sors très bien. Ce n’est pas dû au fruit du hasard. J’ai beaucoup travaillé pour être là et ça, je ne le dois qu’à moi et à mon entourage. Ce qui fait ma force, c’est de pouvoir retomber là où je veux aller. Je sais où je veux aller et je me donne les moyens d’y accéder.
Vous ne partez pas comme titulaire…
En signant là-bas, je le savais. Je sais que je ne pars pas comme premier attaquant. Après, il n’y a rien de figé. Je suis quelqu’un qui a des objectifs. En signant là-bas, je ne me suis pas dit que j’allais rester sur le banc de touche. La situation peut évoluer. Mon objectif est de progresser au maximum au contact de grands joueurs et on verra ce qui se passera.
Que devez-vous encore améliorer dans votre jeu ?
Plein de choses. Que ce soit mon jeu dos au but ou le fait de muscler mon jeu. Le coach (Didier Deschamps, ndlr) me l’a encore répété hier (jeudi, ndlr). J’ai la chance aujourd’hui d’être dans un club qui peut m’apporter ça. Devant le but aussi, j’ai de temps en temps des opportunités que je pourrais mieux concrétiser.