Riolo : « Ribéry Ballon d’Or, et après ? »

Doit-on aimer Ribéry parce qu’il est français et parce qu’il va certainement recevoir le prochain Ballon d’Or ? Cette distinction doit-elle pousser l’observateur neutre et objectif à forcément se pâmer devant ce joueur ?

Une fois qu’on a reconnu la qualité des performances de Franck Ribéry, ses progrès, sa constance au plus haut niveau, doit-on participer à l’engouement qui se prépare alors que la rumeur enfle que le joueur du Bayern Munich va recevoir le Ballon d’Or ? Doit-on forcément sortir tambours et trompettes ?

Ribéry ne m’a jamais plu. Ni comme homme, ni comme footballeur. La liste est trop longue des joueurs de haut niveau qui, actuellement, m’intéressent plus que lui. Je n’ai jamais considéré qu’un champion devait être bon juste sur le terrain. Il doit, selon moi, dépasser son sport. Incarné quelque chose, avoir une personnalité, l’exprimer. Admirer Ribéry parce qu’il vient d’en bas, qu’il a connu un tas de difficultés, que son parcours fut chaotique… oui, peut-être. Mais n’est-ce pas, au fond, très banal ? La plupart des sportifs ont eu des vies compliquées, des parcours cabossés. Et puis, pourquoi un type qui vient d’en bas devrait mériter plus de respect ? Andrea Pirlo, qui vient d’un milieu bourgeois, doit-il susciter moins d’enthousiasme ? En quoi l’origine sociale est déterminante au moment d’envisager les qualités d’une personne ?

Ribéry sera donc certainement Ballon d’Or et, dans le contexte morose de notre foot, ce sera une bonne nouvelle. Enfin si, d’ici là, la France s’est qualifiée pour le Mondial, sinon… Sinon rien. Sinon, ce Ballon d’Or servira les intérêts du joueur, de son club et rien d’autre. Depuis son arrivée en équipe de France, Ribéry a d’abord été un bon petit gars, un bon assistant dans la bande à Zidane. Après ça, il aura été de toutes les bourdes tricolores. Euro 2008, Mondial 2010 et Euro 2012. Son bilan n’est pas loin de la nullité, au mieux médiocre. Notez que j’évite le sujet Knysna, par délicatesse.

Un bilan, à l’opposé en tout cas de ses progrès en club. Au Bayern, de joueur de complément, il est devenu un leader technique. Un rouage essentiel de l’équipe. Un élément clef de l’équipe championne d’Europe. Un épanouissement qui a eu, enfin, un impact sur les Bleus. Depuis quelques mois, il est, en effet, devenu l’homme qui tire l’équipe. Il était temps. L’enthousiasme reste cependant à relativiser puisque la France n’est pas encore au Mondial et que c’est lors du barrage qu’on attend qu’il nous montre pourquoi il sera bientôt Ballon d’Or. Le niveau des récents adversaires des Bleus doit ramener tout le monde à un brin de raison…

En attendant l’échéance, on va bouffer du Ribéry. Avant, après, jusqu’à Noël. Et s’il l’a ? Ça va l’installer dans l’histoire du foot. Oui, pas faux. Mais il est grand, gros le livre d’histoire du foot. On va le mettre où dans les pages Monde ? Et dans les pages foot français ? A côté de qui ? Kopa, Platini, Papin, Zidane ont été les autres Ballon d’Or. Ribéry a droit au même livre ? Sur les 10 derniers joueurs sacrés : Nedved, Chevtchenko, Ronaldinho, Cannavaro, Kaka, Cristiano, Messi, si on considère des critères tels : qualité, intelligence, carrière, personnalité, représentation du pays, importance dans l’imaginaire collectif d’un pays… Quel est la place de Ribéry ? Quelle trace laissera-t-il ? C’est qui Franck Ribéry ?

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La rédaction