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Thuram : « On aime ces Bleus-là ! »

Lilian Thuram

Lilian Thuram - -

DOCUMENT RMC SPORT. Invité ce matin de Jean-Jacques Bourdin sur RMC et BFMTV, le légendaire défenseur des Bleus, champion du monde et d’Europe, porte un regard affectueux sur les Bleus de 2014 à quelques encablures du quart de finale France-Allemagne.

Lilian, que pensez-vous des Bleus version 2014 ?
Cette équipe de France est-elle est solidaire ? Je me promène un petit peu dans Paris et lorsque je discute avec les gens, ce qui les interpelle, c'est justement cet état d'esprit. Voilà pourquoi je crois qu'autant de gens aiment aujourd'hui l'équipe de France et aime suivre les matchs de la Coupe du Monde.

Le Didier Deschamps qui était votre capitaine ressemble-t-il au Didier Deschamps d'aujourd'hui ?
Oui, exactement. Je dirais que déjà lorsqu'il était joueur, il savait faire passer les messages. Il prenait la parole, notamment à la mi-temps ou même pendant le match parce qu'encore une fois c'est quelqu'un qui parlait très peu mais les réflexions qu’il avait sur le jeu étaient toujours extrêmement justes. En règle générale, lorsque vous êtes milieu défensif, vous êtes en plein milieu du jeu et donc vous avez cette obligation de faire don de votre personne à l'équipe. C'est pour cela que je pense que son rôle est très proche de celui qu'il avait à l’époque sur le terrain.

Deschamps avait-il pressenti vos deux buts face aux Croates en demi-finale en 1998 (2-1) ?
Non, personne ne pouvait le sentir. Même moi, je ne pouvais pas le savoir (rires). C'est le hasard de la vie. Je dirais que ce qui est très bien dans le football, c'est cette capacité de dépassement de soi et je crois que lorsque vous regardez l'équipe de France, notamment un joueur comme Matuidi, vous le voyez. C'est un joueur qui est toujours dans le don de soi et dans le dépassement de soi. Voilà pourquoi on aime cette équipe-là. Vous semblez l'aimer, cette équipe de France… Oui, sincèrement ! Surtout après quelques années où cela a été extrêmement compliqué. J'ai été touché par ce qu'il s'est passé en Afrique du Sud, comme tous ceux qui ont porté le maillot de l'équipe de France ou ceux qui aiment le foot parce que ça avait donné une très mauvaise image des joueurs de foot et une très mauvaise image de notre pays à l'étranger.

Et tous ces débats autour de la Marseillaise… Vous chantiez la Marseillaise en 1998 ?
Oui, je chantais la Marseillaise. Mais il y a toujours eu des débats là-dessus. Déjà en 1996 au championnat d'Europe en Angleterre, il y a avait eu un débat. Je dirais qu'encore une fois chacun est libre de chanter ou non la Marseillaise. Moi, cela m'aidait de chanter la Marseillaise parce que j'étais à côté de Lizarazu et on se motivait. C'est-à-dire qu'on était tous les proches et en chantant la Marseillaise on essayait de faire comprendre à l'adversaire qu'aujourd'hui, ça n'allait pas être possible pour eux. Aujourd'hui quand je regarde un match, j'oblige les gens qui sont avec moi à la chanter et je me lève pour motiver l'équipe.

C'est du patriotisme ?
Non, c'est le fait de dire tout son amour à l'équipe de France et passer un bon moment parce que je pense que le foot avant tout, c'est de l'émotion pure. Par exemple en 2010, j'ai pris le métro juste avant un match et j'étais un peu en retard comme d'habitude. Je passe devant les bars, il y avait des gens qui chantaient la Marseillaise. C'est ça qui est beau. Je trouve que les joueurs doivent avoir conscience de ça pour justement essayer de donner le meilleur d'eux-mêmes sur le terrain.

On dit toujours que quand on porte le maillot de l'équipe de France, on doit être différent, c’est vrai ?
Pour moi c'était différent, extrêmement différent. Encore une fois, lorsque vous êtes sur le terrain en équipe de France vous représentez un collectif qui dépasse l'équipe. Je pense qu'il faut être conscient de ça. Quand vous voyez l'engouement qu'il y a autour de la Coupe du Monde, cela prouve que justement vous représentez beaucoup plus que quelques joueurs, il faut en être conscient.

Vous pensez que les joueurs en ont conscience ?
Oui. Je pense qu'ils ont, pour beaucoup, pris conscience du phénomène au match retour contre l'Ukraine (3-0). Je crois qu'ils ont compris qu'ils pouvaient apporter énormément de bonheur aux gens.