Autopsie d’un crash

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Un état d’esprit suffisant
Ils assuraient avant le match qu’ils se méfieraient d’une équipe suédoise éliminée et débarrassée de toute pression. Pourtant, les Bleus se sont vus trop beau. Leur série de 23 matches consécutifs sans défaite et la victoire face à l’Ukraine (2-0) les ont fait monter sur leur petit nuage. Ils en sont vite descendus face aux robustes suédois beaucoup plus motivés et concernés par un enjeu qui était pourtant nul. Au point que les Debuchy and co sont parfois passés pour des petits enfants tant ils se sont fait bouger. « Inconsciemment, cette victoire nous a fait penser qu’on était d’ores et déjà en quarts de finale, rappelle Rolland Courbis, membre de la Dream Team RMC. C’est une faillite collective. »
Une charnière fébrile
L’association Rami-Mexès est le cheval de bataille de Laurent Blanc depuis le début de l’Euro. La suspension de Philippe Mexès l’obligera à revoir ses plans face à l’Espagne. Le Milanais, averti pour la deuxième fois en trois rencontres, a livré son plus mauvais match de l’Euro en se faisant griller la politesse dans les airs par Toivonen (10e) puis en tremblant constamment face à la menace Ibrahimovic. « Quand on voit la performance de Koscielny lors du deuxième match de préparation, ce n’est pas une si mauvaise nouvelle que ça, a déclaré Eric Di Meco, membre de la Dream Team RMC. Il va remplacer Mexès sans problème. » Adil Rami, à la peine depuis le début de la compétition, a confirmé son manque d’assurance dans les duels. Signe du malaise ambiant, les deux joueurs ont décidé de ne plus s’exprimer devant la presse.
Une animation sans idée
L’équipe de France a attendu l’ouverture du score de la Suède pour lancer des offensives enfin construites. La plus belle action de Ménez, lancé par Malouda, est due à l’initiative de deux remplaçants. Avant cela, le milieu de terrain et l’attaque n’ont jamais réussi à s’accorder. Plusieurs centres ont traversé la surface suédoise de part en part faute de présence des attaquants français. La titularisation de Hatem Ben Arfa n’a pas apporté le déclic espéré face à une défense aussi regroupée. Les transmissions entre les deux lignes milieu-attaque sont restées beaucoup trop basiques et prévisibles pour espérer déstabiliser l’arrière-garde suédoise seulement mise en danger sur une frappe lointaine de Ben Arfa en première mi-temps.
Nasri, le faux créateur
Symbole de ce manque d’imagination, Samir Nasri. Son but rageur et sa célébration vengeresse vis-à-vis de la presse face à l’Angleterre (1-1) l’avaient, pensait-on, mis sur les bons rails. Mais le joueur de Manchester City n’a pas confirmé depuis. Face à la Suède, il n’a pas influé sur le jeu des Bleus. Ses passes n’ont jamais créé de décalage alors qu’il a parfois donné l’impression de jouer en marchant. Même sa réaction après le fiasco laisse perplexe sur son état d’esprit. « Il faut se remettre au travail, mais l’objectif est atteint. Il ne faut pas faire la fine bouche. »
Benzema, cette fausse pointe
De l’avis de plusieurs observateurs, il est la seule star mondiale de l’équipe de France. Comme l’est Zlatan Ibrahimovic en Suède. Si le Milanais porte sa sélection à bout de bras, cela n’est pas le cas du Madrilène. Depuis le début de l’Euro, l’ancien Lyonnais dézone constamment pour descendre chercher des ballons qui ne lui arrivent pas. Mardi, il a abandonné la surface de réparation pour tenter sa chance de loin. A chaque décalage, il n’y avait plus personne dans la surface de réparation à la réception de centres sans destinataire. Il reste un danger pour les défenses dans ses prises de balle mais il ne pèse pas du tout dans la zone décisive. Son compteur-but bloqué à zéro le démontre. « Comme tous les buteurs, il a besoin de marquer, soutient Laurent Blanc. Il tente beaucoup de choses. J’espère qu’il arrivera à débloquer son compteur en quart de finale contre les Espagnols. » Et assumer enfin son statut.