Boumsong : « Il y a pire... »

Après les A' cette saison, c'est en A que Boumsong disputera l'Euro - -
A quoi avez-vous pensé avant de connaître la liste des 23 ?
Je ne pensais à rien…. J’ai mis un DVD, j’ai fini de regarder mon film, j’ai mis de la musique classique, tranquillement.
Le cœur battait fort à ce moment-là ?
Non, pas vraiment. Je me suis dit que de toute façon c’était fait, si je dois y être, je dois y être. Rien ne sert de stresser. C’est comme ça. Je ne pense pas que j’aurais eu des regrets, je pense avoir donné le meilleur de moi-même pour pouvoir y être. Je me suis simplement dit : si ça cogne, ainsi soit-il. Après, il y a eu un coup de fil. Il fallait descendre dire au revoir. C’est en descendant que j’ai réalisé et que j’ai vu le nom de ceux qui partaient.
La journée d’hier restera douloureuse même si elle s’est bien finie pour vous…
Mon métier est super mais on bosse… C’est dur, très dur aux entraînements. Humainement, psychologiquement c’est aussi très difficile parce que vivre une journée comme celle d’hier, pour ceux qui s’en vont, c’est une douleur. Une douleur qui n’a pas de prix, peu importe le compte en banque. Là, on est touché, on est touché parce qu’on avait l’ambition d’y être, d’apporter quelque chose à l’équipe de France et que malheureusement on ne peut pas le faire. C’est très douloureux. Ça montre que le sport de haut niveau peut être très beau, surtout quand on voit les vainqueurs mais il peut y avoir aussi beaucoup de déception. Maintenant, il ne faudrait pas se laisser abattre par tout ça. Le football est une belle école d’humilité et d’apprentissage sur soi-même. Il y a d’autres écoles… mais celle-là est très accélérée.
C’est Hatem Ben Arfa qui est venu vous annoncer votre présence dans la liste alors que lui n’y était pas. Quelle a été votre réaction ?
Je lui ai exprimé ma déception. Mais je lui ai surtout dit qu’il était jeune, qu’il allait devoir se servir de cette déception pour pouvoir être encore plus fort pour affronter les moments difficiles, aussi bien ceux de sa vie d’homme que de footballeur. Il faudra qu’il se serve de tout ça pour grandir, des leçons qu’il tirera de cette épreuve pour affronter plus tard la difficulté.
Il devait être extrêmement déçu…
En effet, il était déçu mais il est venu me souhaiter bonne chance. Il était heureux pour moi… déçu pour lui. Il n’a pas eu de mots ou en tout cas de pensées négatives pour le reste du groupe.
Selon vous, comment vont survivre « sportivement » ceux qui sont partis ?
Il faudra prendre ça comme une épreuve de la vie. Parce qu’il y en aura encore d’autres et des plus difficiles. Après, dans ces cas-là, il faut se rappeler qu’il y a pire. Il faut se dire qu’il y a des gens qui ont des maladies, des gens qui perdent des proches et il faut penser à ça pour pouvoir se remotiver et repartir de l’avant.
Désormais, vous êtes 23. Cela change quoi ?
Pour ceux qui étaient déjà dans l’incertitude, là je parle pour moi, c’est une première étape. On est 23, on sait qu’on va aller à l’Euro s’il n’y a pas de problème. Cette libération doit se transformer en enthousiasme et cet enthousiasme doit être productif pour l’équipe. Chacun de nous devra apporter quelque chose au groupe.
La préparation et les choses sérieuses commencent désormais pour vous. Dans quel état d’esprit allez-vous aborder tout cela ?
Il faut juste se préparer dans la sérénité, être serein. Evidemment, le stress de la compétition commence à grandir et ce, plus l’épreuve approche. Il va falloir être le plus zen, le plus léger, le plus harmonieux possible pour être prêt le jour J parce qu’un Euro c’est très relevé. Il y a la pression, le stress… Tout ça peut faire qu’on n’arrive pas à vivre l’événement à fond. Il faut vraiment être le plus détaché possible et avoir confiance dans son travail, dans le collectif.