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Cabaye : « Il n’y avait pas de guerre dans le groupe »

Yohan Cabaye

Yohan Cabaye - -

EXCLU. Invité de l’Intégrale Euro sur RMC, le milieu de terrain de l’équipe de France a tiré le bilan de l’Euro. A 26 ans, le joueur de Newcastle, qui livre sa vérité, se dit prêt à prendre des responsabilités en sélection.

Yohan, quel bilan personnel tirez-vous de cet Euro ?

Ça a été positif. J’ai réussi à marquer mon premier but en sélection (face à l’Ukraine, ndlr) et à faire de bons matches. L’équipe nationale, c’est très important. On joue pour son pays. Il faut tout donner. J’espérais pouvoir jouer un maximum. Toute la saison, je m’étais préparé pour cette compétition.

Comment analysez-vous cette défaite face à l’Espagne en quart de finale (0-2) ?

L’Espagne est la meilleure équipe du monde actuellement. On savait que ça allait être compliqué. On s’attendait à ne pas avoir le ballon. On a eu quelques opportunités, mais pas très tranchantes. A la fin, on ressent une petite frustration.

L’équipe de France a semblé manquer de folie et d’ambition sur ce match…

Oui, c’est sûr. Même si en seconde période, c’était un peu mieux, on ne les a pas mis en difficulté. Au final, on peut avoir quelques regrets. Le coach et le staff avaient choisi une formation pour pouvoir les contrer. Mais on a pris un but assez rapidement. Après, c’était plus compliqué.

Les réactions au sein du vestiaire après la défaite contre la Suède (2-0) ont-elles précipité votre élimination ?

Il n’y avait pas de guerre dans le groupe. Après la défaite contre la Suède, il y a eu des joueurs énervés. Il s’est passé ce qu’il s’est passé. On s’est expliqué. Et tout de suite après, c’était fini. On est reparti de l’avant. Mais par rapport au résultat et au contenu, c’est sûr que ce match contre la Suède nous a fait un peu mal.

Vous n’avez pas renvoyé l’image d’un groupe très solidaire durant la compétition…

Au niveau de l’attitude, chacun maitrise ce qu’il a envie de faire et ce qu’il a envie de dire. Dans le groupe, on était tous bien ensemble. Pour moi, le plus important, c’est l’équipe. On gagne ensemble et on perd ensemble. On a tous notre part de responsabilité.

La cohabitation a tout de même semblé compliquée au sein du groupe…

C’est compliqué de vivre avec tout le monde parce que chacun a son caractère et ses idées. Mais le but, c’est d’être tolérant et de faire l’effort. Chacun à ses problèmes. Un mois et demi, c’est assez long. Tout le groupe avait l’ambition d’aller plus loin dans cette compétition. On s’est fait sortir en quarts. Mais il y avait une bonne ambiance dans l’équipe. Rien de ce qui peut se dire à côté ne s’est passé. Je ne sais pas d’où ça sort et pourquoi les gens ont envie de raconter ça. Ça fait partie du truc. Mais il ne s’est vraiment rien passé.

Il a manqué un véritable leader, respecté de tous, durant cet Euro…

Sur le terrain, on peut avoir des leaders techniques avec Karim Benzema et Franck Ribéry. Pour ce qui est d’un leader qui parle et qu’on écoute, Alou Diarra peut tenir ce rôle. Il le fait très bien. Mais contre l’Espagne, il ne jouait pas. Et personne ne l’a remplacé à ce niveau-là.

Pourriez-vous devenir un cadre de l’équipe de France dans les prochains mois ?

Pour moi, l’équipe nationale, ça représente énormément. Je suis fier de porter ce maillot, d’entendre la Marseillaise et tout ce qu’il y a avec. Après, j’étais toujours été comme ça. Et je le serai toujours. Je suis prêt à faire n’importe quoi pour l’équipe nationale. Si on me donne des responsabilités, je pense qu’il faut les prendre. Je le ferais avec plaisir si besoin. Maintenant, ce n’est pas ma qualité première. Mais s’il faut aller contre nature, je ferais l’effort sans problème.

Comment avez-vous trouvé Hatem Ben Arfa au moment de quitter l’Ukraine ?

J’ai discuté avec lui hier (dimanche). Il était bien. Il a son caractère. C’est vrai qu’il n’est pas toujours facile. Mais il a de l’ambition. Sur le coup de l’énervement, il a peut-être dit des choses qu’il regrette aujourd’hui. Mais voilà, ça s’est passé. Malheureusement pour Hatem, on va encore le pointer du doigt. Il est arrivé dans cette compétition avec d’énormes ambitions et l’envie de bien faire. Mais lorsque je l’ai quitté, il avait le moral et il était bien dans sa tête.

Avez-vous le sentiment d’avoir redorer l’image des Bleus depuis le Mondial 2010 ?

Oui, grâce aux résultats. On est resté longtemps invaincus. Même si au final, on ne gagne qu’un match à l’Euro. Je pense qu’il y a du mieux. Ça va en progressant. J’espère que tout ne va pas être modifié par rapport au staff pour continuer dans cette direction. 

Samir Nasri doit-il continuer en sélection ?

Jamais de la vie je ne me prononcerais sur ça. Samir est comme il est. Il a son caractère. Sur le terrain, c’est un joueur important parce qu’il a d’énormes qualités. Tout se passe bien avec lui. Le jour où j’aurais quelque chose à lui dire, j’irais le trouver pour lui dire directement. Mais je n’ai aucun problème avec Nasri. Après, je comprends que les gens puissent être choqués parce qu’on représente le pays. On joue aussi pour les 60 millions de Français. C’est important de montrer une image positive. Le moindre pas de travers peut prendre d’énormes proportions. Il faut être bien dans sa tête et dans son comportement.