Chivu, capitaine abandonné

Cristian Chivu - -
A bientôt 30 ans (il les aura à la fin du mois), Cristian Chivu est l’un des doyens de la sélection roumaine. Avec le gardien Bogdan Lobont, il est l’unique rescapé de l’Euro 2000, dernière campagne internationale notable des « Tricolores » (élimination en quart de finale par l’Italie). Au pays, le défenseur jouit d’une image sans tache, qui contraste avec celle de son illustre congénère, Adrian Mutu, abonné aux pages « people » ou « faits divers » des tabloïds bucarestois. Chivu, c’est le gendre idéal, poli et souriant, discret et « familiste », comme on dit là-bas, aussi sérieux sur le terrain que dans la vie. La vérité, moins idyllique, s’en accommodera. Dernier exemple ? Des gestes et des propos insultants à l’encontre des supporters de son ancien club, la Roma, durant la dernière finale de la Coupe d’Italie. La fédération transalpine a ouvert une enquête. « C’est un type sensationnel », tranche le sélectionneur roumain, Razvan Lucescu.
Natif de Resita, dans l’ouest de la Roumanie, Cristian Chivu, qui joue depuis le début de l’année avec un casque « à la Petr Cech » suite à un traumatisme crânien, a connu une progression linéaire de l’Université Craiova à l’Inter, en passant par l’Ajax et la Roma. D’une polyvalence rare au plus haut niveau, sa technique et son intelligence de jeu lui ont permis d’évoluer successivement au poste de milieu défensif, d’arrière central, de latéral gauche… et même parfois de meneur de jeu, dans une sélection qu’il tient à bout de bras depuis une décennie. Rude défi, tant la « Nationala » slalome en permanence entre ingérences et polémiques bon marché.
« C’est normal de recevoir des critiques quand tu n’as pas de résultat, assure le joueur aux 71 sélections, dont les dernières performances avec l’Inter n’ont guère convaincu. Mais le désir de gagner au Stade de France est là. » Le contexte est pourtant délicat, entre l’absence de Mutu, suspendu pour contrôle antidopage positif, le sort incertain de Lucescu, menacé en cas de défaite, et les tensions au sein d’un groupe marqué par les rivalités entre clubs, agents et dirigeants, qui prennent l’équipe nationale en otage. Mais « Cristi », son surnom, en a vu d’autres. Et il ne lui déplairait pas d’être le premier capitaine roumain vainqueur en France en match officiel…