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Des 23 moins compétitifs que prévu

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Censée être homogène et complète sur toutes les lignes, la liste des 23 choisie par Raymond Domenech n’avait pas l’étoffe d’un futur champion d’Europe. Explications point par point.

Des cadres en quête d’un second souffle
On se lance en équipe de France, on ne s’y relance pas. La sélection n’est pas un club et à ce titre, le choix de Raymond Domenech a tout eu du « suicide sportif ». Dès l’automne, le sélectionneur n’a cessé de crier à qui voulait l’entendre que Coupet et Sagnol, blessés à ce moment-là, restaient les numéros un à leur poste. Très tôt également, le guide la maison bleue a manifesté un soutien inflexible à Henry, Abidal, Thuram et Malouda, tous en grosses difficultés dans leur club. Sympa pour la concurrence… mais problématique pour la suite. Car l’entêtement de Domenech a desservi ses joueurs, ces mêmes lieutenants qui lui avaient donné tant de satisfaction lors du dernier Mondial.

C’est le physique pour certains (Thuram, Gallas, Sagnol) qui les a abandonnés après une fin de saison compliquée. N’était-ce pas le latéral droit du Bayern Munich qui avouait, au bout de vingt minutes de jeu face à la Roumanie, « chercher de l’air » ? Hormis le facteur athlétique, il y a surtout eu un mental trop fébrile chez d’autres Bleus pour permettre à la sélection d’afficher un visage serein et un niveau de jeu convenable. En fait, hormis Henry, qui a sauvé les meubles grâce à son but face aux Pays-Bas et Ribéry, l’un des rares en mesure de secouer le cocotier, tous les Tricolores auprès de qui on portait le plus de bémol, ont confirmé… les craintes à leur sujet. Malouda, toujours précieux dans le replacement défensif, n’a rien proposé sur le plan offensif, jouant un drôle de partition sur son flanc gauche. Gallas a été impuissant dans son rôle de leader, lui qui brigue ouvertement le capitanat.

Des joueurs interchangeables oui mais…
Confronté à tant de soucis, d’ennuis fâcheux qu’il aurait pu et dû anticiper, Raymond Domenech a été amené à faire des choix, à trancher dans le vif… et force est de constater que les appuis sur lesquels il comptait n’ont pas fait mieux – mais n’ont pas fait pire – que ceux qu’ils ont remplacé. Clerc a par exemple été intéressant, volontaire et entreprenant face aux Italiens, sans jamais véritablement faire oublier le niveau d’un Sagnol en pleine possession de ses moyens. Forcé de constater la défaillance de sa charnière centrale, le sélectionneur a bien tenté le pari Abidal dans l’axe, un poste pourtant connu et maîtrisé par le joueur. Mais comme d’autres finalistes de 2006, l’ancien Lyonnais est passé à côté de son Euro et a affiché une fébrilité indigne de son statut d’international.

Finalement, ce groupe était loin d’être si interchangeable. Face aux Italiens, la défense française a souffert tout comme son homologue devant les coups de boutoir néerlandais. Offensivement, le positionnement de Ribéry, que ce soit à gauche ou au centre, n’a pas changé grand-chose. Enfin, les rares possibilités de rechange du sélectionneur en attaque se sont montrées soit trop timides (Benzema) soit désorientées (Gomis) pour ne pas dire inoffensives (Anelka). Résultat : en se penchant d’un peu plus près sur cette liste des 23, on peut s’apercevoir rapidement des manques de ce groupe. Il a manqué un véritable patron défensif (Mexès), un feu follet au milieu (Ben Arfa), un milieu râtisseur (Flamini, L. Diarra) et un véritable spécialiste du couloir droit. Beaucoup de choses en définitive pour aller au bout d’une compétition trop vite morte-née pour la France.

Un esprit collectif aux abonnés absents

Sans compter la présence de divergences au sein du groupe retenu par le sélectionneur. Outre la différence d’âge, évidente, entre certains membres, ce sont les mentalités qui ont eu du mal à cohabiter ensemble. Malgré tous leurs démentis, les Bleus n’on jamais convaincu personne sur leur bonne entente. D’ailleurs, le terrain est, à ce niveau, un véritable révélateur. Petite altercation entre Thuram et Gallas au sein de la défense, pas vraiment de soutien, ou de discussion entre les joueurs lorsque cela allait moins bien pour eux… tant de signes qui, comparées à l’attitude d’autres formations, démontrent bien un malaise notable au sein des Bleus. Difficile, certes aujourd’hui, de pouvoir affirmer avec exactitude que ces derniers n’ont pas bien vécu ensemble.

Mais leur éloignement et le manque de communication qu’ils ont eu avec le monde extérieur ne les a pas vraiment aidés. Cette équipe de France a donné l’impression de passer au-delà de l’événement, sans jamais avoir la capacité de véritablement se l’approprier. Tout n’est pas à jeter dans cette sélection où le chant des départs (Thuram, Makelele, peut-être Sagnol) devrait succéder avec une prise de pouvoir des jeunes. Oui, mais avec quel sélectionneur à sa tête ? La rumeur enfle autour de Didier Deschamps. Si sa venue venait à se confirmer, elle serait synonyme d’ouverture, c’est certain. En cas de maintien de Raymond Domenech en revanche, le conservatisme pourrait continuer à faire des siennes pendant quelques longs mois…

La rédaction - Alix Dulac