Des cadres bien transparents

Karim Benzema - -
Le football français se rappellera pour toujours de Didier Deschamps, Zinedine Zidane, Lilian Thuram ou Fabien Barthez. Ces héros qui ont hissé la France sur le toit du monde en 1998, avant de marcher sur le Vieux Continent deux ans plus tard. Elle oubliera en revanche assez facilement les Bleus de 2012. Une équipe moyenne, logiquement éliminée en quarts de finale de l’Euro, sans gloire ni regrets. Un groupe orphelin de leaders qui est apparu désordonné et incapable de se transcender. Depuis son arrivée à la tête de la sélection, Laurent Blanc a bien tenté de créer un noyau dur. Mais en deux ans, il n’a pas réussi à trouver les hommes charismatiques capables de mener son vestiaire vers les sommets.
Son choix de nommer Hugo Lloris capitaine est symptomatique. A l’image du portier de l’OL, certes irréprochable dans les buts, aucun cadre n’a tenu son rang en Ukraine. A court de rythme, Philippe Mexès a manqué de sérénité dans l’axe de la défense. Même chose pour son compère Adil Rami, dépassé par la puissance des Suédois et la technique des Espagnols. Capitaine du naufrage de Knysna, Patrice Evra devait une revanche à son pays. Mais ses prestations décevantes l’ont fait sortir de l’équipe dès le deuxième match au profit de Gaël Clichy. Après une superbe entrée face à l’Angleterre, Alou Diarra, l’homme de confiance de Blanc, s’est peu à peu éteint. Au point de retrouver le banc en quarts de finale.
Coupet : « Benzema a été décevant »
Idem pour Samir Nasri. A défaut de briller sur le terrain, le milieu offensif de Manchester City s’est tristement distingué en insultant les journalistes. Son égalisation face aux Anglais révèle de l’anecdote. Malgré une belle débauche d’énergie et une confiance retrouvée, Franck Ribéry n’a pas réussi à se montrer décisif. Hormis une passe décisive pour Nasri, le dynamiteur du Bayern Munich est resté muet dans les zones de vérité. Un constat qui vaut également pour Karim Benzema. Annoncé comme l’une des stars de cet Euro, l’attaquant du Real Madrid n’a pas répondu aux attentes. Malgré deux passes décisives, il n’a pas trouvé le chemin des filets.
« Un attaquant comme Benzema qui ne marque pas un but, c’est décevant, résume Grégory Coupet. C’est le leader technique de l’équipe. Mais il a trop dézoné. En plus, après le match face à l’Espagne, il a expliqué que les Bleus avaient été bons… » Devant la faillite des tauliers, plusieurs remplaçants, comme Olivier Giroud, Marvin Martin ou Laurent Koscielny, peuvent regretter leur faible temps de jeu. Mathieu Valbuena, lui, n’a pas disputé la moindre minute. Visiblement énervé après la défaite face à l’Espagne, le milieu de terrain de l’OM a lâché aux journalistes : « Si je m’arrête pour vous parler, je vais dire des conneries »…
Le titre de l'encadré ici
Lloris, l’erreur de casting pour le brassard |||
Laurent Blanc a longtemps hésité avant de désigner son capitaine. Et il a finalement opté pour Hugo Lloris. Un choix plutôt surprenant. Certes irréprochable dans les buts, le gardien de l’OL n’a jamais été reconnu pour ses qualités de meneur d’hommes. Un constat qui s’est confirmé en Ukraine. Gentil, lisse et bien élevé, le gardien de 25 ans n’a pas fait de vagues lors de l’Euro. Disponible pour la presse et les supporters, Lloris a assumé son statut de manière exemplaire. Mais il n’a pas su tirer ses coéquipiers vers le haut. Ni calmer les tensions apparues au fil des matches. Face à l’Espagne, Jérémy Ménez l’a snobé d’un geste de la main lorsqu’il lui a demandé de corriger son placement.
Une scène qui en dit long sur l’aura de Lloris au sein du vestiaire bleu. Le rôle de capitaine n’est jamais facile à assumer pour un gardien de but. Encore moins lorsqu’il est réservé. Durant la compétition, Lloris a enchainé les discours convenus, les phrases toutes faites et les sorties sans saveur en conférence de presse. « On a fait ce qu’on a pu face à la meilleure équipe du monde », a-t-il lâché après l’élimination face à l’Espagne. Le genre de propos qui ne risquait pas de booster ses partenaires. « J’essaie de rester le plus naturel possible et d’être moi-même », déclarait-il la semaine dernière. Mais tout le monde n’est pas fait pour porter le brassard.