Domenech parti pour durer

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La date du conseil fédéral approche, et plus le jour avance, plus l’avenir de Raymond Domenech s’éclaircit. En effet, si l’on en croit le président de la FFF Jean-Pierre Escalettes, les opposants au sélectionneur se font de plus en plus légers au sein du conseil fédéral. Seuls cinq ou six membres (sur les vingt qui seront présents jeudi) ne seraient pas pour son maintien.
Reste à savoir maintenant si ce maintien sera soumis à un vote. Jean-Pierre Escalettes peut en effet se contenter de demander un simple avis, plutôt qu’une véritable consultation. Il y a toutefois le risque qu’un membre décide d’en appeler à un vote pouvant aller jusqu’à un scrutin à bulletin secret, ce qu'explique très bien Bernard Saules, président de l'UNAF (l'Union Nationale des Arbitres de Football). « En effet, on peut mettre en place un vote pour prendre une décision. Ceux qui sont pour lèvent la main, ceux qui sont contre également. J’ai souvenir dans le passé que le président Simonet faisait voter tout le monde. Une fois, lui qui déteste cela, a dû voter puisqu’il y a eu huit pour et huit contre. Le président vote à la fin. Si ce dernier demande au conseil fédéral de voter à bulletin secret, il le fera. Mais sinon, cela ne se fait pas. Ce n’est pas une obligation. C’est le président qui va décider la méthode qu’il va utiliser ».
Une chose est néanmoins certaine. Escalettes souhaiterait éviter cette solution, qui a tout finalement du traquenard ou de la mauvaise surprise. Mais l'autre souci avancé concernerait surtout la politique mise en place par les dirigeants du football tricolore depuis quelques années. Depuis l'échec Roger Lemerre exactement. La FFF ne désire plus casser de contrat comme cela avait été le cas du sélectionneur de la Tunisie. Domenech, qui a encore deux ans de contrat, bénéficie à ce niveau d'un atout non négligeable. Si, vraisemblablement, ce n'est pas le contre-coup financier d'un licenciement qui pose problème, c'est plus une question de principe qui se pose sur ce dossier. La DTN, seul organisme finalement à trancher dans le vif en cas d'appel à candidatures concernant la sélection, devrait-elle revoir son système d'engagement pour éviter ce genre d'interrogations ? Là encore, Bernard Saules a son point de vue. « Le problème, c’est la durée du contrat. Faut-il faire un contrat de quatre ans, soit d’une Coupe du Monde à une autre Coupe du Monde ou un contrat intermédiaire avec le championnat d’Europe ? Est-ce que l’on part sur un contrat de deux ans comme certains clubs européens ? Est-ce là la solution ? Vous savez bien que les contrats, finalement, se font et se défont assez facilement ».
Maintenir Domenech, c'est risqué
Dans cette équation à plusieurs inconnues, un seul homme détient les réponses. Le même individu qui devrait tenter de se représenter à son poste en septembre prochain... La tendance aujourd'hui tend vers un maintien du sélectionneur de la part de Jean-Pierre Escalettes. Malgré les sorties médiatiques plus que rock'n'roll de Domenech et sa communication défaillante, le patron du football français ne semble pas vraiment enclin à s'en séparer. D'abord, parce que le principal intéressé dispose d'un soutien de plus en plus manifeste de ses joueurs. Protection de facade ? Conflit d'intérêt ? Les langues ne se délient pas, probablement de peur de représailles en cas de maintien de Domenech au poste...
Le président de la FFF prend cependant un gros risque en décidant de maintenir l'ancien Lyonnais dans ses fonctions. En effet, personne n’a de réelle garantie quant à ses capacités à changer sa façon de faire, même s'il l'a promis et affirmé à qui voulait bien l'entendre. Et le croire. Il y a aussi le risque que, malgré les changements de communication, de staff voire l’intégration d’un manager ou d’un adjoint, les choses ne changent pas. De plus, sans compter sur le fait que les Bleus pourraient ne pas surmonter l’échec de cet Euro 2008, il faudra gérer le départ des anciens et l’intégration des jeunes, sans se heurter -cette fois- à un conflit de générations. Jusqu'à présent, ses coups de poker et ses effets d'annonce (Chimbonda, Jurietti, Gomis) n'ont pas toujours été heureux. Le sélectionneur ne montre aucune logique dans sa hiérarchie ni dans sa politique sportive, sautant des étapes générationnelles et s'obstinant à bouder certains éléments susceptibles d'être des cadres en Bleu (Mexès notamment).
Car il ne faut pas perdre de vue qu’au-delà du match amical du 20 août en Suède, les éliminatoires de la Coupe du Monde 2010 arrivent vite. Le 6 septembre, les Bleus se déplaceront à Vienne pour affronter l’Autriche, quatre jours avant de recevoir la Serbie. Il faudra espérer que les résultats soient au rendez-vous, car dans le cas contraire, il sera trop tard pour avoir des regrets. Aujourd'hui, un tel cas de figure doit être envisagé, étudié, réfléchi. Il s'agit désormais de se demander comment la France réagira face à l'adversité, avec à sa tête un homme parfois impuissant devant la difficulté ? L'Euro 2008 et l'incapacité de Domenech de conserver ou même diront certains, d'avoir une logique cohérente, en ont été les parfaits exemples. Le couac pourrait être retentissant. Et là, le spectre de l'échec qui ne cesse de flotter dans le dos de Domenech (il n'a jamais rien gagné ni avec les Espoirs, ni avec les A), pourrait finir par prendre définitivement forme humaine.