Donetsk se prépare paisiblement

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Quelques affiches murales. Des banderoles sur les lampadaires. Des messages sur les bus… Donetsk se prépare très tranquillement à l’Euro. Trois jours après les premières rencontres en Pologne, la cité ukrainienne accueillera le premier de ses trois matchs de poule. Mais rien n’indique que la compétition continentale doit se jouer dans les prochaines heures du côté de la Donbass Arena. Les autorités de la ville semblent plus préoccupées à terminer les travaux qu’à communiquer sur l’affiche qui opposera l’Angleterre à la France, lundi. « C’était une grande ambition pour les Ukrainiens, détaille Ibrahim, malien d’origine et habitant de Donetsk depuis 26 ans. Il fallait tout faire : les routes, les hôtels, les infrastructures. C’est comme une guerre. Les gens travaillent jour et nuit pour tout finir. J’espère que tout sera prêt. Et je suis sûr que ça sera prêt. »
Dans les rues, c’est pourtant loin d’être l’effervescence. Comme si les seuls signes indiquant la tenue de la compétition étaient les publicités des sponsors de l’épreuve. Et quand on se promène du côté des boutiques de sport, c’est avant tout l’Ukraine qui est mise en valeur. « Les habitants de la ville ont fait des efforts pour accueillir l’Euro, tempère Anna. Ils ont essayé de décorer la ville et faire que cet Euro se déroule dans les meilleures conditions. » Et la jeune femme de s’excuser : « Si ça ne marche pas, nous sommes vraiment désolés. » « Les dirigeants de la ville ont fait leur possible. Ils ont construit l’aéroport et le stade pour accueillir l’Euro dans les meilleures conditions », reprend Roxanna. Quand on fait un tour du côté de l’aéroport, on se rend d’ailleurs compte que les ouvriers s’affairent sans relâche pour rendre l’endroit plus attractif.
Des Ukrainiens vexés
Du côté des habitants, on a d’ailleurs particulièrement mal pris les critiques venues d’occident. Il y a d’abord eu les rappels à l’ordre de Michel Platini concernant les retards dans les constructions des stades. Puis ce sont les équipes qui snobent l’Ukraine pour s’installer en Pologne (outre l’Ukraine, seules la France et la Suède y ont posé leurs valises). Enfin, ce sont les gouvernements européens qui, en protestation contre l’emprisonnement de Ioulia Timochenko, annoncent qu’ils ne seront pas du voyage. « L’Ukraine est un nouvel Etat. C’est la première fois qu’elle organise une telle manifestation, continue Daniel. Il faut avouer que le pays traverse une situation économique, politique et sociale difficile. C’est très frustrant. » Tellement frustrant que ce Camerounais d’origine pense avoir trouvé la raison de la discrétion des habitants : « Dans les maisons, on attend l’Euro avec impatience. Mais les billets sont tellement chers que les gens ne pourront pas aller au stade. Mais je peux vous dire qu’ils sont vraiment contents d’avoir cet Euro dans leur pays. »