Equipe de France : des certitudes et des questions

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Equateur, Paraguay, Colombie. Trois adversaires, trois matches, trois scores différents (2-0, 0-0, 1-0) mais deux fils rouges : d’abord, la volonté pour le sélectionneur Raymond Domenech d’opposer ses 23 à des adversaires rugueux et tenaces. Ensuite, de mettre ses petits protégés dans une spirale positive avant l’Euro. Mission accomplie mais ces deux bons points risquent de ne pas être suffisants pour rassurer les foules… car il apparaît comme évident que les Tricolores ont encore beaucoup de travail à effectuer avant leur match d’entrée, lundi prochain, face à la Roumanie.
La vie sans Vieira est compliquée
Beaucoup de travail... et peu de temps. William Gallas reconnaissait lui-même après la victoire des siens face à la Colombie que ces derniers, et lui le premier, « avaient des petites choses à régler ». Ces choses concernent surtout l’animation de jeu des Bleus. Capable d’être impressionnante, percutante, pleine de vie et déstabilisante pour l’adversaire comme ce fut le cas face au Paraguay ou lors des vingt premières minutes disputées devant les Colombiens, l’équipe de France a également affiché, par moments, de grandes plages d’hésitation, de fébrilité et surtout, un manque de liant chronique entre les lignes.
Personne n’est dupe. L’absence de Patrick Vieira, réputé pour son abattage sur le pré, sa disponibilité et sa capacité à favoriser le travail d’organisation de Makelele devant la défense, fait mal aux Bleus. D’ores et déjà forfait contre la Roumanie, le joueur de l’Inter Milan pourrait faire son retour plus tard dans la compétition. Une bonne nouvelle mais le groupe de Raymond Domenech devra entre temps apprendre à vivre et à faire sans lui. Les tâtonnements tactiques du sélectionneur, partagé entre l’envie d’aligner deux têtes à son attaque ou renforcer son milieu, ont largement prouvé que la tâche n’allait pas être aisée.
Une formation parfois trop coupée en deux
Face à la Colombie, Domenech a ainsi tenté d’innover en proposant un 4-4-2 en losange, avec au poste de milieu droit Jérémy Toulalan et un Florent Malouda dans une configuration plus défensive à gauche. Le résultat : le trio Benzema-Henry-Ribéry a eu l’impression de vivre seul sur son îlot de l’autre côté du terrain tant la formation bleue était coupée en deux, le milieu de terrain ne dépassant que très rarement la ligne médiane. Face au Paraguay, le jeune Lyonnais et la nouvelle star du Bayern Munich avaient entretenu une relation détonante mais exclusive, laissant un peu Henry de côté. Mardi dernier, les transmissions entre les trois hommes étaient bien plus équilibrées.
Malgré ces promesses, il est fort probable que le sélectionneur s’en remette au bon vieux 4-2-3-1 qui avait fait la gloire des Bleus lors du dernier Mondial. Un choix tactique qui assure plus de continuité entre chaque secteur du jeu de l’équipe de France et une meilleure assise défensive. Un choix surtout qui aurait pour première victime Nicolas Anelka, barré ces derniers temps par l’éclosion de Benzema, la complicité que ce dernier entretient avec Ribéry mais également la confiance inamovible qu’accorde Domenech à Henry. Pourtant, si ce dernier a bien provoqué le penalty victorieux face aux Colombiens, c’est le buteur de Chelsea qui a semblé le plus en jambes, adressant même une passe décisive lors du match face aux Equatoriens. Contrairement à son partenaire international, Henry le Barcelonais manque de rythme. Ce dernier n’a pas beaucoup pesé sur les défenses adverses et a parfois semblé incapable de faire la différence aux abords de la surface de vérité.
Des cadres peu affûtés
Mais Domenech apprécie son repli défensif, sa volonté de faire jouer ses partenaires et sa facilité à décrocher pour mieux aider le bloc équipe à remonter. Le sélectionneur affectionne ces qualités-là et il souhaite avant tout soigner la protection de ses lignes arrières. Avec Henry, il est servi. Mais soigner la récupération du ballon et bien défendre, c’est bien. Marquer des buts, c’est mieux. Et cela, l’équipe de France l’a très peu fait ces derniers mois. D’ailleurs, il lui aura fallu un vent de folie nommé Bafétimbi Gomis et un penalty de Ribéry pour remporter deux de ses trois matches de préparation. Au vu du paquet d’occasions vendangées mardi face à la Colombie, on est en mesure de penser que le potentiel est là mais il faudra vite marquer dans le jeu pour ne pas douter.
A trois jours de son grand oral, l’équipe de France s’avance donc avec quelques données. Celle que sa défense, malgré les errements côté gauche d’Abidal, devrait rester inchangée. Celle aussi que Ribéry, affûté, sera son arme de poing la plus dangereuse dès le coup d’envoi. Celle encore et c’est probablement le plus inquiétant, que certains de ses lieutenants (Sagnol, Gallas) sont encore un peu justes physiquement. Domenech compte sur la fierté et sur l’expérience de ses baroudeurs pour répondre présent le jour J. Contrairement au Mondial 2006 où la France avait hérité d’un groupe susceptible de favoriser sa montée en puissance, les Bleus seront directement dans le dur dans la poule C. Le forfait ou non de Vieira et la physionomie du match contre la Roumanie devraient, dans quelques heures, nous en dire plus sur le futur visage de cette équipe de France.