Fourneyron : « Aucun membre du gouvernement ne sera en Ukraine »

La ministre des Sports a annoncé ce jeudi qu’aucun membre du gouvernement français ne se rendrait en Ukraine à l’occasion de l’Euro, en raison des conditions de détention de l'ex-première ministre ukrainienne, Ioula Timochenko.

Des membres du gouvernement se rendront-ils à l’Euro en Ukraine et en Pologne ?

Aucun membre du gouvernement ne sera aux matches en Ukraine. C’est une position prise au regard de la préoccupation qui est la nôtre, du respect des valeurs européennes et notamment à la lumière de la situation de Mme Timochenko. Dans ce cadre, le Quai d’Orsay a informé les gouvernements ukrainien et polonais dès hier (mercredi). J’ai moi-même informé les responsables sportifs de cette situation, à la fois Michel Platini, Noël Le Graët et Jacques Lambert.

Est-ce une décision en accord avec d’autres pays ?

Cette position a été partagée par Angela Merkel (chancelière allemande), José Manuel Barroso (président de la Commission européenne) et Herman Van Rompuy (président du Conseil européen). Nous avons une réunion ce vendredi à Bruxelles où l’ensemble de cette position sera également partagée. Chacun prend ses responsabilités.

Cela ne risque-t-il pas de gâcher la compétition ?

Il ne faut pas subordonner le sport et la politique. Il faut avant tout que l’Euro 2012 soit une belle fête sportive, comme celle qu’on prépare en France pour l’Euro 2016, sur lequel je travaille déjà quotidiennement.

Quel message avez-vous à faire passer aux joueurs de l’équipe de France après le fiasco de la Coupe du monde 2010 ?

Quand on porte le maillot de l’équipe, on sait les valeurs que l’on porte, je n’ai pas besoin de leur faire la morale. Ça prouve que le travail qui a été fait par la Fédération française de football et par Laurent Blanc est efficace. Ils savent les valeurs qu’on doit incarner.

Quelle est votre position sur les primes accordées pour cet Euro ?

Il y a eu une négociation qui a conduit à ce que ces primes ne soient attribuées qu’à partir des quarts de finale (100 000 euros en cas de qualification en quarts de finale, 320 000 euros en cas de victoire finale, ndlr). Je ne vais pas commenter le montant, ce n’est pas mon rôle. Il y a beaucoup d’argent dans le football et il y a des convictions que nous avons rappelées à de multiples reprises dans le cadre de la campagne présidentielle, à savoir la nécessité d’une solidarité et d’une équité. Quand on a des revenus, on a l’obligation d’une solidarité, notamment en matière fiscale.

Le titre de l'encadré ici

Vers un boycott de masse ? |||

En plus du gouvernement français, qui ne se déplacera pas en Ukraine, plusieurs autres figures politiques ont décidé de boycotter l’Euro 2012. José Manuel Barroso, le président de la Commission européenne, ainsi que Viviane Reding, la commissaire européenne à la justice, ont décidé de ne pas s’y rendre. Angela Merkel, la chancelière allemande, pourrait elle aussi décider de ne pas aller voir les matchs de son équipe nationale. Son gouvernement, en tout cas, a opté pour le boycott. Si d’autres chefs d’Etat n’ont pas encore pris officiellement position, un boycott de masse n’est pas à exclure. Le Russe Vladimir Poutine a quant à lui jugé qu’une telle action n’avait « pas sa place » avant cet Euro. 

Propos recueillis par Pierrick Taisne