L’Allemagne sans génie

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Soulagés mais… pas trop. Les Allemands ont assuré l’essentiel lundi soir sur la pelouse du Ernst Happel Stadion (1-0). Le score est étriqué, petit, minimal mais ô combien important pour les hommes de Joachim Löw, qui assurent là leur qualification pour les quarts de finale. C’est bien là la seule bonne nouvelle pour le sélectionneur allemand, qui a dû suivre la majeure partie de la rencontre en tribunes, après avoir été expulsé en fin de première période pour échanges de mots doux avec son homologue autrichien Josef Hickersberger.
Ce petit excès d’humeur démontre bien à lui tout seul la tension bien palpable qui a régné au-dessus du pré lundi soir. On aurait presque pu l’oublier mais ce Autriche-Allemagne était avant tout un derby, un derby qui pouvait s’avérer décisif pour l’avenir dans l’épreuve de l’une ou de l’autre des deux sélections engagées. Qualifiée de favorite depuis son excellent Mondial 2006, l’Allemagne avait clairement la pression et se devait d’être au rendez-vous après son manqué retentissant face à la Croatie. Mais voilà, dans une ambiance hostile et face à un adversaire particulièrement tenace, la Nationalmannschaft n’a pas régalé ni affiché toute la maîtrise qui était la sienne lors de sa victoire face à la Pologne. Non. Les supporters allemands venus soutenir leur équipe ont eu droit à une version beaucoup moins séduisante de leur nation préférée. Certes, le but sur coup franc de Ballack est en tout point magnifique, permettant d’ailleurs à l’intéressé de tordre le cou à certains de ses détracteurs (49e, 1-0).
Mais cette frappe de 30 mètres dans la lucarne d’un Macho impuissant ne saurait masquer l’inégalité du match produit par la bande à Löw. Dangereux, les Allemands ne l’ont été finalement que par intermittences, eux qui auraient pu ouvrir le score sans un loupé incroyable de Gomez (5e) ou le doubler sans un manque de réalisme de Podolski (24e) et de Klose (87e). L’Autriche dans tout ça ? Un jeu limité mais volontaire, avec beaucoup d’envie et de débauche physique pour compenser des lacunes techniques qui lui auront pourri tout son Euro. Les Autrichiens pourront toujours se plaindre d’un penalty non sifflé suite à une faute de Metzelder sur Hoffer dans la surface (17e).
Affirmer également qu’Ivanschitz (81e) et Hoffer – encore ! – (83e) auraient pu mettre à genoux une défense adverse particulièrement empruntée. Si ces quelques banderilles se révéleront vaines et n’éviteront pas à l’Autriche d’accompagner la Suisse vers la porte de sortie, elle aura au moins permis à Löw et à ses hommes de mesurer leurs limites du moment. La prise de conscience et les mesures qui s’imposent ont intérêt à être mises en place rapidement. Jeudi, c’est en effet le Portugal et son armada de feux follets qui se présentent face à la Mannschaft.