L’Espagne s’affiche d’entrée

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C’est ce qu’on appellera du travail vite fait bien fait. Grâce notamment à trois coups de canon de son artificier David Villa, l’Espagne a frappé un grand coup d’entrée dans le groupe D, mettant à genou l’autre favori de la poule, la Russie (4-1). Une performance d’autant plus remarquable que la Roja y a ajouté la manière. C’est bien simple, la bande dirigée par Luis Aragones a affiché une qualité de jeu constante, une complicité technique évidente et un réalisme diabolique en phase offensive.
En face, la Russie n’aura pas eu à rougir de sa prestation. Les protégés de Guus Hiddink sont tout simplement tombés sur plus… efficaces, eux qui auront dû attendre la 86e minute de jeu pour faire trembler les filets espagnols. Joueurs, sans complexes et plutôt consistants dans le jeu, les Russes, en effet, ont longtemps rivalisé dans les mêmes secteurs de jeu que leurs adversaires. Mais pas avec la même réussite donc. Ni en attaque où les tentatives de Bilyaletdinov (22e) et de Pavlyuchenko ont fini respectivement sur le poteau droit et la barre transversale d’Iker Casillas. Ni en défense où la paire Korodin-Shirokov a régulièrement pris l’eau, dépassée par les accélérations et les arabesques balle au pied de Fernando Torres, passeur décisif sur le premier but de Villa (20e). Un David Villa déchaîné qui enfonce rapidement le clou en transformant en or une offrande d’Iniesta (40e), avant d’aller plier l’affaire en concluant avec autorité un contre rondement mené (75e).
Villa régale
3-0, le score est alors lourd pour une formation russe impuissante dans la zone de vérité et ce, malgré l’abattage de l’unique pointe Pavlyuchenko sur le front de l’attaque. Guus Hiddink a alors la bonne inspiration de densifier son milieu de terrain avec les entrées en jeu de Bystrov (46e) et de Torbinski (57e). Conséquence : ses hommes semblent moins souffrir de la vivacité du milieu de poche adverse –Xavi, Iniesta, Silva – mais manquent de lucidité dans les vingt derniers mètres face à une défense assez fébrile. Un missile aux vingt-cinq mètres de Pavlyuchenko (81e) donne un brin d’espoir aux Russes, espoir confirmé par une réduction du score du même attaquant, décidément volontaire jusqu’au bout (86e), à défaut d’avoir été béni durant les 90 minutes qu’il aura passé sur le pré.
Mais il était dit que ce match, prolifique et finalement très spectaculaire, probablement l’un des plus beaux de ce premier tour d’Euro, était exclusivement en faveur du peuple ibérique. Ce dernier se lèvera d’ailleurs d’un seul homme pour féliciter le quatrième but de leur Seleccion, une œuvre à bout portant de Fabregas sur une frappe repoussée de Xavi par Akinfeev (90e+1). L’Espagne signe donc de la plus belle des manières son entrée en lice dans la compétition et s’attribue définitivement le statut de favori, un statut qui méritera néanmoins confirmation. Les Russes, eux, devront prier. Prier pour que leur prodige Arshavin ne revienne pas pour un troisième match qui compterait pour du beurre. Privés de son fantastique ailier (suspendu deux matches) et de son buteur attitré Pogrebniak, Guus Hiddink avait dû composer face aux Espagnols une attaque compétitive. A défaut d’avoir déçue, celle-ci n’a pas affiché le même réalisme que le duo du Zenit St-Petersbourg. Il faudra donc vite inverser la tendance pour les Russes, pour ne pas rester à quai dans ce groupe D.