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La Mannschaft reprend des couleurs

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Au terme d’un match globalement bien maîtrisé, l’Allemagne a écarté de sa route le Portugal (3-2) et se qualifie pour le dernier carré de la compétition.

On a tout dit sur les Allemands dans cet Euro. Qu’ils étaient flamboyants, après une première sortie bien réussie face à la Pologne (2-0). Qu’ils étaient également moins percutants que prévu après leur défaite méritée devant la Croatie (2-1) et leur victoire ô combien poussive aux dépens de l’Autriche (1-0). On a tout dit mais on n’a probablement pas encore tout vu de la part de la formation de Joachim Löw. Jamais aussi à l’aise que lorsqu’elle a l’opportunité de faire mentir les convenances ou les idées reçues, la bande à Ballack, encore lumineux sur le pré pour sa sélection, s’est offerte le Portugal (3-1).

Rien que ça, serait-on tenté de dire à la lecture sur le papier des forces en présence, au vu surtout du parcours assez impressionnant des Lusitaniens dans la compétition. Rien d’infâmant en réalité au regard de ce que les deux équipes ont proposé sur la pelouse toute neuve du St-Jakob Park. C’est bien simple, on voyait le Portugal manger tout crû une Nationalmannschaft en quête de certitudes. Au lieu de cela, on a assisté à une véritable leçon de maîtrise tactique et collective de la part des hommes de Joachim Löw. Ce dernier, suspendu et donc relégué en tribunes, a pu apprécier... Souvent, les Lusitaniens ont eu le ballon et donc leur destin entre leurs pieds. Mais contrairement à ses précédentes sorties, le Portugal n’a pas su faire exploser le bloc défensif adverse. Collectifs en début de partie, les protégés de Luiz Felipe Scolari ont petit à petit abandonné leurs résolutions altruistes, se laissant porter pour certains (Nani, Cristiano Ronaldo) par un certain pêché d’individualisme.

Tout le contraire d’une formation allemande solidaire, parfaitement à l’aise dans son rôle d’outsider et qui avait fait front dès le début de partie aux assauts adverses. Fébrile ces derniers jours, l’arrière-garde de la Mannschaft a affiché une autorité intéressante et une capacité à ne pas se laisser déborder par les arabesques portugaises. Même sans Frings blessé et sans Gomez (choix dû à un remaniement tactique), l’Allemagne a réussi son pari : aspirer le jeu offensif de son rival pour mieux profiter de ses largesses défensives. Ajoutez à cela un potentiel athlétique bien plus performant dans les rangs des troupes de Löw et la mayonnaise ne tarde pas à prendre forme.

Cristiano Ronaldo aux abonnés absents

Elle prend même figure humaine, celle du sourire de Schweinsteiger, ce dernier venant conclure d’une reprise de volée une séquence initiée par Ballack et relayée par Podolski (22e, 1-0). Surpris, le Portugal ne parvient pas à se secouer et encaisse dans la foulée un second pion inscrit par Klose, l’attaquant du Bayern Munich profitant du laxisme adverse sur coups de pied arrêtés pour récompenser un coup franc de Schweinsteiger (26e, 2-0). Dos au mur, Scolari exhorte ses hommes à aller de l’avant. Le cri du sélectionneur est entendu. En partie. Le nouvel homme fort de Chelsea croit bien, après un but opportuniste de Nuno Gomes (40e, 2-1) que la machine est lancée. Il espère même franchement, agitant les bras dans sa zone technique et replaçant ses hommes de la voix et du geste, que ce petit coup de pouce du destin, mérité en fin de première période, fera des petits lors des quarante-cinq minutes suivantes.

Mais son groupe, porté parfois par un Deco génial mais étouffé physiquement et un Cristiano Ronaldo souvent irritant et peu inspiré, n’arrive pas à passer la seconde. Au plus fort de la domination de leur équipe, le prodige de Manchester United (45e) et son compatriote Pepe (56e) ne ramènent pas leur sélection dans le bon sens. Dans ces cas-là et encore plus à ce stade de la compétition, ce manque de réalisme a tout de la faute professionnelle. Ballack le confirme assez vite et vient chatouiller Paulo Ferreira dans le dos pour catapulter de la tête le but de la délivrance allemande (62e, 3-1). La suite est presque un livre déjà tout écrit pour les Lusitaniens.

La pluie qui s’invite, lentement mais sûrement, une mise à mort de peu manquée par Podolski (79e), des tentatives de sauvetage individuelles complètement forcées (Petit, 70e, Deco, 77e), un but d’Helder Postiga synonyme d’espoir éphémère (87e, 3-2) et un retour sur terre pour des Portugais incapables en définitive d’assumer leur statut de favori. Au plus grand dam d’un Cristiano Ronaldo intersidéral cette saison en Angleterre, si ordinaire au premier obstacle placé sur sa route lors de cet Euro 2008. L’Allemagne et son collectif retrouvé peuvent désormais se préparer à continuer à rêver. Au prochain tour, la Mannschaft pourrait même avoir l’occasion de prendre sa revanche… sur une formation croate qui avait mis en lumière ses carences du moment en phase de poules.

La rédaction