Le Chypriote qui menace l’UEFA

Spyros Marangos - -
Règlement de compte ou croisade anticorruption ? Les attaques d’un ancien dignitaire de la fédération de football chypriote à l’encontre de dirigeants de l’UEFA, accusés d’avoir reçu des pots de vin en échange de leur voix à la Pologne et à l’Ukraine pour l’obtention de l’Euro 2012, agite le football européen.
En fin de semaine dernière, Spyros Marangos, 61 ans, s’est déversé dans les médias allemands (Kicker, Suddeutsche Zeitung, ARD), affirmant que quatre membres haut placés de l’UEFA avait reçu en 2007 plus de 11,15 M€ (la Gazzetta parle ce jeudi de 9,15 M€) pour voter en faveur de Varsovie et Kiev. La candidature des deux pays de l’Est l’avait emporté par 8 voix contre 4 au détriment de l’Italie.
Dans ses accusations, l’ancien trésorier de la fédération chypriote affirme n’avoir jamais été entendu par les dirigeants de l’UEFA, malgré des courriers adressés en juin 2009 à Michel Platini et à Peter Lemacher, le chef de la commission de discipline de l’UEFA. Marangos raconte que les transactions ont été effectuées via un cabinet d’avocats à Limassol, à Chypre. Riche en détails, l’homme explique qu’un des membres de l’UEFA a récupéré 3,15 M€ dans un ours en peluche. Aux médias germaniques, il raconte qu’un rendez-vous est finalement obtenu avec Limacher le 24 août 2010 à Genève, avant d’être annulé sine die quatre jours plus tôt. En septembre, Marangos alerte la fédération italienne. Sans plus de succès.
Il est lâché par sa fédération
C’est après s’être rependu dans les médias d’outre-Rhin que l’affaire a éclaté. L’UEFA a sommé lundi Marangos d’apporter les preuves à ses accusations sous les 72 heures, à défaut de quoi l’instance européenne se réservait le droit d’engager des poursuites. Par la voix de son avocat, Alexis Neocleous, Marangos a déclaré « détenir des éléments de preuves et des témoignages » mais qu’il voulait se présenter devant « une juridiction indépendante ».
Entre temps, la fédération chypriote s’est désolidarisée de son ancien membre, l'accusant de vouloir régler ses comptes après avoir après avoir échoué à se faire réélire en son sein. Joint au téléphone, le Chypriote Marios Lefkaritis, membre de l’UEFA et de la FIFA, a décliné tout commentaire, déclarant que « le dossier était en cours de traitement par les instances de l’UEFA ». Une affaire qui tombe mal, alors que la FIFA a provisoirement suspendu deux de ses membres accusés de corruption dans la cadre de la course à l’organisation des Coupes du monde 2018 et 2022.