RMC Sport

Le hooliganisme fait trembler la Pologne

-

- - -

A deux mois de l’Euro organisé en Ukraine et en Pologne, ce dernier pays fait face à de graves problèmes avec ses supporters les plus extrêmes. Au point de déplacer la finale de la Coupe de Pologne en province. Explications.

Ce n’est plus à Varsovie mais à Kielce, une ville qui n’accueillera pas de match lors de l’Euro 2012, que la finale de la Coupe de Pologne se déroulera le 24 avril prochain. La Fédération polonaise (PZPN) a acté ce choix pour des raisons de sécurité. Le Legia Varsovie, opposé en demi-finale à Arka Gdynia (D2 polonaise, Ruch Chorzow – Wisla Cracovie est l’autre demi-finale), dispose de groupes de supporters extrêmement violents.
Il y a un an, la finale Legia Varsovie-Lech Poznan qui s’était jouée à Bydgoszcz, dans le nord du pays, avait été marquée par l’envahissement du terrain et des échauffourées entre hooligans. La sécurité avait été pointée du doigt pour son incapacité à gérer ces débordements. Le hooliganisme, très présent en Pologne, interpelle à quelques semaines seulement de l’Euro.

William Nuytens, sociologue : « Entre 2 000 et 3 000 hooligans en Pologne »

William Nuytens, sociologue, notamment spécialiste du sport en Europe de l’Est, nous apporte son éclairage : « On estime qu’il y a entre 2 000 et 3 000 hooligans en Pologne. C’est considérable par rapports aux autres pays européens. Depuis deux ans, l’Etat prend des mesures afin d’éviter que des évènements viennent entacher l’image de la Pologne. Durant l’Euro, ils vont mettre les moyens. La crainte est que ces incidents se déplacent dans le temps. Pendant le championnat d’Europe, il y aura une très forte régulation. Mais après la compétition, il est possible qu’on soit dans le territoire du vide. Je sais que des vidéos de confrontations entre supporters des deux clubs de Varsovie (Legia et Wisla, ndlr) et Cracovie (Cracovia et Wisla) circulent sur le net. Je ne sais pas s’ils sont plus violents, mais il existe une revendication identitaire et nationaliste très forte. Les mouvements ultranationalistes, antisémites et xénophobes sont plus nombreux qu’en France. »
Et ils débordent parfois largement des terrains ou des tribunes. En septembre dernier, le néo-international polonais, Damien Perquis, joueur de Sochaux qui a opté pour la sélection rouge et blanc via une grand-mère polonaise, a ainsi été traité d’ « ordure française qui n’a pas réussi chez elle » par l’ancienne star nationale Jan Tomaszewski, membre du parti conservateur Droit et justice, qui n’a manifestement pas peur d’agiter le chiffon rouge à quelques encablures de l’événement sportif n°1 organisé en Pologne depuis la chute du communisme. Perquis a porté plainte.

AB avec AA