RMC Sport

Guingamp, le « petit » qui pense au foot français

Lionel Mathis et Thibault Giresse

Lionel Mathis et Thibault Giresse - AFP

Ce n’est pas la première fois qu’il le fréquente, mais l’endroit est encore un peu inhabituel. Les courts passages en 1996 et 2009 n’ont pas suffi à lui faire prendre ses marques. Pour Guingamp, la Ligue Europa est donc encore un monde un peu inconnu. Une plongée dans un univers sportif et médiatique dont le club des Côtes-d’Armor n’a pas vraiment l’habitude. Et pour leur retour en C3, les Bretons vont immédiatement être plongé dans le grand bain, avec un déplacement sur le terrain de la Fiorentina. Au sein d’un club habitué à être le « Petit Poucet », cette confrontation face au 4e du dernier championnat d’Italie n’est pourtant pas vécue comme une montagne impossible à franchir. Plutôt comme une récompense du travail effectué.

« On est quand même un drôle de phénomène à l’échelle européenne, admet Bertrand Desplat, le président du club. Je ne pense pas qu’il y ait beaucoup d’autres villes de moins de 8 000 habitants qui existent à ce niveau-là. On est habitué, c’est notre histoire, notre ADN. C’est surtout chez les autres que l’on est perçu comme le petit. On a beaucoup d’humilité, on sait que rien ne nous sera donné, mais on ne fait pas de complexes d’infériorité non plus. On vient dans les différentes compétitions avec nos arguments, qui ne sont pas les mêmes que les autres. On a moins de moyens, on le sait, mais on d’autres arguments, d’autres valeurs. »

Gourvennec prend exemple sur Nanterre

Pour ce retour sur la scène européenne, l’EAG a toutefois dû s’adapter en augmentant légèrement la capacité de son stade et en changeant tous les sièges afin de répondre aux normes de l’UEFA. Mais pas question pour le club aux 20 salariés (contre 73 pour la Fiorentina) de chambouler tout son fonctionnement pour un minimum de six matches. « Guingamp restera toujours Guingamp, admet Jocelyn Gourvennec. C’est une petite ville, un petit club. En même temps, on est très professionnel et on a montré l’année dernière qu’on était capable de rivaliser avec les meilleures équipes du championnat. On sait qu’on est souvent le petit contre le gros. »

Lors de la conférence de presse d’avant-match, les questions ont évidemment tourné autour de ce duel entre David et Goliath. Les médias italiens et les supporters de la Fiorentina découvrent pour la plupart Guingamp, même s’ils ont noté que les Bretons avaient fait tomber le leader bordelais ce weekend en Ligue 1 (2-1). L’odeur du piège, contre une « Fio » qui n’a pas encore gagné en Serie A, est donc présente. Jocelyn Gourvennec compte en tout cas jouer sa carte à fond et faire taire les sceptiques, qui voient l’EAG plomber encore un peu plus l’indice UEFA français. Et prend pour cela un exemple récent : « Il y a un an, quand Nanterre allait attaquer l’Euroligue, ça faisait beaucoup rire et je me souviens de certaines déclarations d’experts du basket pro qui émettaient beaucoup de réserves. Mais je crois que Nanterre a répondu présent. Et je considère que Nanterre en Euroligue, c’est un peu Guingamp en Ligue Europa. » Les basketteurs franciliens avaient frôlé la qualification pour le Top 16. Les Bretons signeraient pour le même scénario.

AA avec PYL