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Paris, le péril jeune ?

Le vice-capitaine du PSG sera l'un des seuls joueurs d'expérience alignés par Paul le Guen jeudi face à Schalke 04

Le vice-capitaine du PSG sera l'un des seuls joueurs d'expérience alignés par Paul le Guen jeudi face à Schalke 04 - -

Privée volontairement de ces cadres en vue du choc à venir en L1 face à l’OM, c’est une formation parisienne fortement rajeunie qui va affronter Schalke 04 jeudi. Pari payant ou pari risqué ?

En football, comme partout ailleurs, il est souvent question de priorités. Celles affichées dernièrement par l’entraîneur du Paris Saint-Germain, Paul Le Guen, peuvent surprendre. Après s’être battu avec les instances juridiques du football français et avoir obtenu gain de cause concernant sa participation en Coupe de la Ligue, après s’être qualifié par le biais de ladite Coupe l’an passé pour la Coupe de l'UEFA et ainsi, avoir sauvé une saison des plus crispantes, Paris se rendra pourtant en Allemagne pour y défier Schalke 04 sans ses forces vives.

Un turn-over obligatoire... et salutaire ?

En effet, Ceara, Grégory Bourillon, Zoumana Camara, Claude Makelele, Stéphane Sessègnon et Guillaume Hoarau, ne seront pas, jeudi soir, du choc qui attend le groupe parisien du côté de Gelsenkirchen. Une hérésie au seul regard de l’importance d’une Coupe d’Europe réussie aux yeux des supporters parisiens, sevrés de grands coups sur la scène continentale depuis de nombreuses saisons déjà. Mais en réalité, Paul Le Guen n’a pas le choix. Trois jours après Schalke, grosse et rugueuse équipe du championnat d’Allemagne, le PSG se rend à Marseille, ennemi intime et sans doute l’un des plus crédibles prétendants au titre en Ligue 1. Or si les supporters du club de la capitale digéreraient mal que le PSG prenne l'eau en UEFA, ils n’apprécieraient pas non plus de voir leur formation de cœur se faire étriller au Vélodrome.

Le Guen a donc préféré tranché. Comme le technicien breton l’a fait à plusieurs reprises depuis son arrivée aux manettes du club, ce seront aux jeunes, jeudi soir, de défendre les couleurs du club. Mais ces derniers, un brin timorés la saison passée lors de leurs diverses apparitions, pourront-ils être à la hauteur du rendez-vous qui les attend ? « On ne renonce sûrement pas à avoir de l’ambition. Je ne fais pas tourner pour faire tourner. On a les moyens de bien faire… on a des jeunes qui ont progressé, qui ont franchi un palier. A eux de montrer que l’on peut faire appel à eux ». Charge donc aux Makonda, Maurice, Sakho, Mabiala, Mulumbu, Arnaud et Sankharé de prouver pour certains, ou de confirmer pour d’autres leur valeur, encadrés par les quelques cadres retenus par Le Guen pour le déplacement à Gelsenkirschen (Armand, Rothen, Landreau, Clément, Pancrate, Kezman, Traoré).

La valeur du banc parisien en question

S’il ne cache pas avoir probablement froissé une bonne partie de son vestiaire en laissant certains de ses joueurs à Paris (« je sens que ça ne leur plaît pas à tous. Mais on a un enchaînement de matches compliqués et je compte sur leur bon sens »), l’ancien défenseur des glorieuses années PSG aura au moins un argument tout prêt à agiter en cas de critique : le manque de profondeur de son banc. Le salut de son club cette saison, si ce dernier entend jouer les premiers rôles en championnat, passera en effet par l’émergence de certains éléments. Et quoi de mieux pour progresser, se révéler ou se rappeler au bon souvenir de son coach, que de passer au révélateur européen ?

Sammy Traoré confirme l’idée : «On n’ira pas là-bas en victime mais pour faire un résultat. Les jeunes ont envie. Si le coach aligne une équipe comme celle de jeudi, c’est qu’il nous juge capable de faire quelque chose de bien. A nous de lui démontrer qu’on est capable de faire un match correct là-bas. »

Certes… mais pour faire un bon match, qui plus est à l’extérieur, Paris va également devoir compter sur le niveau de l’adversité qui lui sera proposé. A ce sujet, pas de doute : Schalke, sur le papier, est l’une des meilleures formations de Bundesliga et l’un des gros ténors de cette C3 2008-09. Les Parisiens en ont bien conscience et ne s’en cachent pas. Traoré : « C’est une équipe habituée à jouer la Champion’s League. On s’attend à un match costaud, avec des joueurs à fort gabarit. »

Schalke, indiscipliné et sous pression

Mais en creusant un peu mieux le dossier de la formation dirigée par Fred Rutten, il s’avère en réalité que les pensionnaires de la Veltins Arena ne sont pas au mieux. Souvent bien placés mais jamais heureux dans leur quête du titre en Bundesliga (le dernier sacre en championnat date de 1958 !), les joueurs de Schalke, actuels 6e de leur championnat, n’ont plus connu les joies d’un succès depuis près d’un mois environ. En coulisses, l’indiscipline règne.

Rafinha, un temps en froid avec ses dirigeants, concernant notamment sa présence ou non au sein du Brésil Olympique à Pékin, joue désormais les divas dans le vestiaire. Kevin Kuranyi, non content de s’être attiré les foudres du peuple allemand après sa décision d’abandonner la Nationalmannschaft, irrite ses propres supporters, frustrés de son manque de réalisme devant le but. Enfin, les dirigeants du club ont purement et simplement décidés d’envoyer deux joueurs (Carlos Grossmüller et Gustavo Varela) en équipe réserve pour « raisons disciplinaires ». Ambiance…

Face au PSG, Schalke aura donc à cœur de se faire pardonner son début de saison très quelconque et de signer une victoire référence, toujours propice à favoriser l’adhésion au sein d’un groupe. Pour cela, il faudra donc faire le jeu et en retour concéder quelques espaces à son rival d’un soir. Paris, jamais plus à l’aise que lorsqu’il doit contenir les velléités offensives adverses et jaillir en contre, n’en espère pas moins.

Alix Dulac