Trois penalties arrêtés d'affilée: qui est Berke Özer, le successeur de Lucas Chevalier dans les buts de Lille?

Stadio Olimpico, 78e minute. Les Lillois mènent 1-0 face à la Roma lorsque l’arbitre est appelé par le VAR pour une main dans la surface. Après un rapide visionnage, il désigne le point de penalty. L’Ukrainien Artem Dovbyk, tout juste entré en jeu, se présente face à Berke Özer. Le portier lillois plonge du bon côté et repousse le tir. Les Lillois exultent, mais leur joie est de courte durée: le VAR signale que Thomas Meunier est entré trop tôt dans la surface. Penalty à retirer.
Dovbyk retente sa chance, mais Özer s’interpose encore. Nouvelle explosion de joie vite refroidie: cette fois, le gardien turc n’avait pas gardé ses pieds sur sa ligne. Le penalty est à retirer une troisième fois. Matías Soulé prend ses responsabilités, mais voit à son tour sa tentative stoppée par un Özer en état de grâce. Trois arrêts en dix minutes, un exploit rarissime. Le score en restera là et Lille s’impose 1-0 à l’extérieur pour cette deuxième journée de Ligue Europa.
"S’il y en avait eu un quatrième, je l’aurais arrêté aussi", a plaisanté le portier turc au micro de Canal+.
Pas programmé pour être gardien
Si la performance de Berke Özer s'apparente quasiment à celle d'un mentaliste, capable de deviner les intentions des personnes qui lui font face, elle tire ses racines d'une découverte quasi-fortuite du poste de gardien, à l'âge de 10 ans lors d’un tournoi. "Notre gardien était blessé pour la séance de tirs au but. Je savais que j’avais des aptitudes pour le poste et je me suis proposé. J’ai arrêté plusieurs tirs ce jour-là", confiait-il ainsi à la Fédération turque de football.
Suivant les traces de son portier de père, l'ancien défenseur central prend goût aux gants et au poids des regards. "Il disait que les gardiens étaient les joueurs les plus sous pression sur le terrain et que c’était un rôle très éprouvant", se souvient le héros lillois. Avec un frère basketteur professionnel, Berke Özer s'essaye toutefois en parallèle à plusieurs disciplines sportives, notamment la gymnastique, la natation ou encore le basket, avant d’opter définitivement pour le football.
Après un début de carrière itinérant entre la Turquie, la Belgique et le Portugal, Özer rejoint Eyüpspor en janvier 2023 où il est sacré champion de deuxième division turque lors de la saison 2023-2024. La saison suivante, il dispute 34 matchs en Süper Lig et mène son équipe promue à une surprenante sixième place. Ces performances tapent dans l’œil des dirigeants lillois, en quête d’un nouveau numéro 1 après le départ de Chevalier.
Arrivé sur la pointe des pieds (et pour à peine 4,5 millions d'euros) mi-août pour enfiler le costume XXL de successeur de l'enfant chéri lillois, Özer ne semble pourtant pas impressionné pour un sou. En témoigne l'étonnante confession de la muraille lilloise, après son exploit sur la pelouse de la Roma. "Avant le match, j’ai promis à ma copine que je ne prendrais pas de but. Elle m’a dit que ça faisait un moment que je n’avais pas fait de clean sheet".
Les retrouvailles avec Chevalier dans le viseur
Une ascension qui n'a pas échappé au sélectionneur turc Vincenzo Montella, qui l'a convoqué pour la première fois chez les A en juin 2025, avec deux titularisations face aux États-Unis (victoire 2-1) et au Mexique (défaite 1-0).
Titularisé sept fois en huit matchs toutes compétitions confondues depuis le début de saison, Berke Özer peut espérer s’inscrire dans la lignée des joueurs turcs ayant marqué l’histoire du Losc, après Zeki Çelik, Yusuf Yazıcı ou encore Burak Yılmaz.
Mais à peine l'exploit digéré, un défi encore plus costaud s'annonce au loin puisque le gardien turc aura la lourde tâche de garder ses cages inviolées ce dimanche à 21h, lors du choc face à l'ogre parisien. Un duel à distance avec Lucas Chevalier qui pourrait lui permettre de régler une bonne fois pour toutes la question des regrets.