Vata : « J’ai la conscience tranquille »

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Vata, quel souvenir gardez-vous de cette de ces deux matchs contre l’OM en 1990 ?
C’est le genre d’événement qui vous marque jusqu’à la fin de votre vie, même si je conserve aussi des bons souvenirs de cette époque où j’étais le meilleur buteur du championnat portugais. C’est d’ailleurs ce dont on me parle quand je reviens à Lisbonne.
Mais en France, on se rappelle surtout de ce but de la main qui a privé Marseille de finale…
On n’arrête pas de parler de la « main du diable » mais je n’ai pas marqué avec la main ! Sur l’action, je me rappelle de Di Meco à côté de moi. Il me poussait, me tirait le maillot et j’ai marqué de l’épaule. D’ailleurs, tous ceux à qui j’en parle avouent qu’on ne voit pas bien ce qu’il se passe sur l’action. Alors comment être sûr que je marque de la main ? Mais les gens continuent d’en parler, inventent des histoires. Je respecte l’opinion de chacun mais, vingt après, j’ai la conscience tranquille.
« Marseille ne doit pas voir ce match comme une revanche »
Cela vous contrarie-t-il qu’on ne vous parle que de ça ?
Au contraire, j’apprécie qu’on parle encore de moi après tout ce temps. Ça me permet de vivre de drôles d’aventures. Un jour à l’aéroport d’Orly, un contrôleur a vu écrit « Vata » sur mon passeport et m’a demandé de me mettre sur le côté. J’ai demande s’il y avait un problème et il m’a répondu : « Non, on est supporters du Paris Saint-Germain et on veut seulement se moquer des Marseillais » (rires). Dès que je rencontre ou qu’on me présente des Français, cette histoire débute toujours la conversation. C’est comme la guerre du Vietnam ou la bombe nucléaire à Hiroshima, les gens ne peuvent pas s’empêcher d’en parler même des années plus tard.
Le président marseillais de l’époque, Bernard Tapie avait déclaré après la rencontre qu’il savait désormais comment gagner une Coupe d’Europe. Qu’en avez-vous pensé ?
C’était une grande erreur, qui a coûté très cher, à lui et à l’OM. On ne doit pas toujours savoir à quel point quelqu’un est riche. A cette époque, Benfica était une grande équipe en Europe. C’était déjà un grand nom, que tout le monde connaissait. Marseille avait une grande équipe mais n’avait son nom n’avait pas le même retentissement.
« Si on m’invitait au Vélodrome, je viendrai »
Serez-vous à Benfica pour le match aller, jeudi ?
Je ne sais pas si j’y serai. Mais ce dont je suis sûr, c’est que Marseille ne doit pas prendre ce match comme une revanche. C’est très dangereux de penser comme ça dans le football.
Si l’OM vous invitait pour le match retour du le 18 mars au Vélodrome, viendriez-vous ?
Ça ne poserait pas de problème. Je ne pense pas que je me ferais frapper en venant à Marseille. Si on m’invitait, je viendrais et je parlerais aux gens sans souci. Ce qu’il s’est passé fait partie de l’histoire. On dit qu’après la pluie vient le beau temps. La pluie est passée et a fait beaucoup de dégâts. La blessure est toujours là mais on ne peut rien changer. La vie continue.
Qu’avez-vous pensé de la polémique née de la main de Thierry Henry contre l’Irlande ?
Mais Thierry Henry n’a pas marqué de la main, il a fait une passe. Il y aura toujours des polémiques, qui dépendent des circonstances et de la valeur du match. S’il l’avait fait en amical, personne n’en aurait rien dit. C’est un reflexe. Il a fait ce qu’il pouvait à ce moment où se jouait une qualification pour la Coupe du monde. C’est un très grand joueur mais, en Irlande, il restera toujours comme quelqu’un qui a fait du mal. Comme moi pour les supporters marseillais.