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D1 féminine: Soyaux vers le dépôt de bilan ?

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Lanterne rouge de D1 féminine, l’ASJ Soyaux vit une saison compliquée sur le terrain. Depuis plusieurs mois, les difficultés s’amoncellent également dans la gestion du club, en proie à des difficultés financières importantes. Sans levier salvateur, cet exercice pourrait, selon nos informations, se conclure de façon tragique pour le club historique du football féminin français.  

Six points et une seule victoire au compteur en 19 journées. La saison 2022-2023 de l’ASJ Soyaux en D1 féminine ressemble à s’y méprendre à un véritable parcours du combattant, avec en bout de ligne l’ombre d’une relégation qui prend de l’épaisseur semaine après semaine. Mais les difficultés ne sont pas uniquement persistantes sur le terrain sportif. Sauvé in extremis la saison passée par la DNCG, le gendarme financier des clubs, l’ASJ est en proie à d’importantes difficultés financières.  

Entre retard de paiement des salaires et mises en demeure de bailleurs 

L’élément le plus impactant a certainement été le retard de paiement de salaire pour avril. Les joueuses ont ainsi été payées à la moitié du mois. "On a eu un souci de trésorerie, les joueuses ont été payées le 12 avril. Que les gens noircissent le tableau, si cela leur fait plaisir. Depuis des années, le club vit au-dessus de ses moyens. A un moment donné il faut arriver à boucler la saison", nous assure le directeur général Renaud Fabre. Mais de son côté, l’UNFP assure que tout n’est pas réglé: "il manque encore des prises en charge des loyers, qui mettent en difficulté les joueuses vis-à-vis des propriétaires. Les joueuses sont dans une situation de précarité et de grande détresse psychologique pour beaucoup. L'UNFP est auprès des joueuses pour essayer de les aider dans leurs démarches." Contactées par RMC Sport, certaines joueuses ont refusé de s’exprimer sur la situation actuelle du club.  

Autre double signal des difficultés financières actuelles de Soyaux: ces dernières semaines, d’après l’UNFP, certaines joueuses ont reçu des mises en demeure de bailleurs pour loyers impayés (le loyer des appartements dit de fonction est contractuellement à la charge du club). Par ailleurs, EDF a coupé les compteurs des logements. Pour ce fournisseur, ce n’était pas contractuel, mais l’usage depuis de nombreuses saisons faisait que l’ASJ payait la note. Mais en cours de saison, la direction sojaldicienne a informé par oral et écrit l’effectif qu’elle n’allait plus prendre en charge les factures de fournisseurs n’entrant pas dans les charges des logements. Les occupantes ont dû donc ouvrir un nouveau contrat qu'elles paient désormais à leurs frais.  

"Ce sera compliqué, oui, si on n’a pas de repreneur"

Une alerte a été transmise à la DNCG récemment. Une situation financière difficile qui fait écho à la procédure judiciaire en cours, révélée par RMC Sport, menée par d’anciennes joueuses dont l’audience aura lieu le 29 juin prochain. Renaud Fabre concède: "II est clair que cela ferait plaisir à beaucoup de gens que le club de Soyaux disparaisse. Le président souhaite se désengager, le club est en vente ce n’est pas un secret. On est dans une situation difficile. II n’y a pas de risque de dépôt de bilan avant la fin de la saison. Après ce sera compliqué, oui, si on n’a pas de repreneur".

Un avenir qui s’assombrit, et si on y ajoute la relégation sportive, cela pourrait faire trop pour ce club historique qui n’a pas réussi à franchir dans l’ordre les étapes vers le professionnalisme. "Elles sont vraiment solidaires entre elles pour essayer de se soutenir, car dans ce contexte ce n'est pas facile de défendre les couleurs du club. Les joueuses méritent mieux au regard de ce qu'elles fournissent sur le terrain", nous confie-t-on au sein de l’UNFP. La dernière journée de championnat est programmée le 27 mai, les semaines qui suivront seront décisives pour l’avenir sojaldicien.  

Anthony Rech