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Furiani, une cicatrice toujours béante

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Le 5 mai 1992, une tribune du stade de Furiani à Bastia s’effondrait, faisant 18 morts et 2350 blessures. Vingt ans plus tard, la plus grande tragédie de l’histoire du football français reste présente dans tous les esprits.

Il existe certaines tragédies que même le temps ne peut effacer. Celle de Furiani en fait malheureusement partie. De par son ampleur, mais aussi son impact sur les témoins de ce drame qui a changé leur vie. Nous sommes le 5 mai 1992. L’Olympique de Marseille se déplace sur le terrain de Bastia pour y disputer une demi-finale de Coupe de France. Le match n’aura finalement jamais lieu. Dix minutes avant le début de la rencontre, la partie haute de la tribune Nord du stade Armand Cesari bascule en arrière et s’effondre sur elle-même. Elle entraîne avec elle plus de 2500 supporters et journalistes qui y avaient été installés. Le bilan de cette catastrophe prouve à lui seul l’ampleur de la tragédie. Et fait froid dans le dos : 18 morts et 2300 blessés. C’est le plus grand drame de l’histoire du football français.

A l’occasion du 20ième anniversaire du drame de Furiani, les instances dirigeantes du football français ont donc décidé de marquer (enfin) le coup et de reporter l’intégralité des matches des championnats professionnels et amateurs qui devaient se dérouler ce samedi. Un choix qualifié de « premier pas » par le collectif des victimes, mais encore insuffisant. Une pétition a même été lancée pour que plus aucun match ne se joue en France le 5 mai. Comme c’est le cas en Angleterre le 29 mai et le 15 avril, après les drames du Heysel (1985) et d’Hillsborough (1989), qui ont fait respectivement 39 et 96 victimes. A ce jour, 40 000 personnes ont signé cette pétition, des présidents de clubs, des sportifs ou encore François Hollande et François Bayrou.

Un stade toujours en travaux

Un comité de suivi de la catastrophe de Furiani a été créé par Noël Le Graët, le président de la fédération française de football. Après s’être réuni une première fois au mois d’avril, il doit tenir une nouvelle réunion en juillet prochain. Une décision pourrait être prise à cette occasion afin qu’il n’y ait plus aucune rencontre le 5 mai. Mais ce n’est pas la seule préoccupation des groupes de supporters car le stade Armand Cesari est toujours en travaux ! Le club évoluera bien en Ligue 1 la saison prochaine mais l’enceinte n’est toujours pas en conformité pour accueillir les matches de l’élite.

Le stade de Furiani doit, en effet, passer de 10500 à 17000 places. Mais les travaux, débutés en… 1994, ne sont toujours pas achevés ! Construite en 1997, la tribune Nord tombe aujourd’hui en ruine. A d’autres endroits, tout reste encore à faire. Ou à refaire. Quant aux alentours, certains la comparent à une zone de guerre… Enfin, à l’entrée du stade, au milieu des barrières et des panneaux de chantier, se tient la stèle en mémoire des victimes de la tragédie. Des gerbes et des fleurs y sont posées. Terminer ces travaux sera le plus bel hommage qu’on puisse leur rendre.

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Agostini milite pour un cérémonial annuel|||

Ancien responsable (de 1992 à 2004) du groupe de supporters du SC Bastia Testa Mora, Anthony Agostini  est ravi de la prise conscience prise cette année à l’occasion du 20ième anniversaire du drame de Furiani. Mais selon lui, « cela ne suffit pas. Cette tragédie fait partie de l’histoire intégrante du club mais aussi et surtout de l’ensemble de la Corse. Il faut que, chaque année, il y ait le même cérémonial. Comme ce qu’il se fait à Liverpool (en hommage aux victimes du Heysel, ndlr) ». A titre individuel, Agostini, qui était présent dans les tribunes le jour du drame, continue de se recueillir chaque année sur la stèle dressée en mémoire des victimes. Il fustige également les travaux de rénovation d’Armand Cesari, qui ne sont toujours pas terminés. « On se croirait à Beyrouth, assure-t-il. Au niveau architectural, on est en pleine démence. Les alentours ont tout d’une zone de guerre civile avec ces travaux ! »

Laurent Pomel avec Georges Quirino