Giresse : « On n’y voit pas très clair »

Alain Giresse - -
Alain, vous étiez à Bamako lors du coup d’état… Comment la population vit-elle les tensions qui ont actuellement lieu au Mali ?
On vit le problème du renversement du gouvernement avec toutes les inquiétudes que ça créé au quotidien. On était bloqués chez soi. On n’avait pas le droit de sortir. On devait attendre que les évènements se calment. Quand vous entendez tirer la nuit, vous vous posez toutes sortes de questions. Il y a un côté angoissant. A Bamako, les gens ne comprennent pas comment un pays si uni puisse se diviser comme cela dans le Nord.
Y a-t-il des répercussions sur le quotidien ?
Pendant cinq jours, tous les commerces étaient fermés. Les activités ont reprises depuis mardi. A partir du moment où il ne s’agit pas de soulèvement populaire, il n’y a aucune attitude agressive des uns vis-à-vis des autres. La préoccupation des gens est de savoir ce qui va réellement se passer pour le futur. On attend de savoir comment les choses vont se mettre en place. Il n’y a pas de problèmes de manque d’alimentation.
La situation dans le Nord du pays ne semble pas s’arranger…
Tout le monde souhaite qu’il y ait une réaction pour que le Nord cesse son action contre le pays. Or, maintenant ça a pris une autre ampleur. C’est presque une guerre civile. Les gens se demandent jusqu’où ça va aller. La situation est très confuse. Après, le Nord c’est à des milliers de kilomètres de Bamako donc ici, il n’y a aucune incidence.
Finalement, la population de Bamako est impuissante vis-à-vis de ce qu’il se passe ?
Les gens se posent des questions sur plein de choses. On comprend ce qui passe à travers les informations télévisées. C’est comme ça qu’on a su que les rebelles gagnaient du terrain. Personne n’arrive à y voir très clair sur une éventuelle finalité.
Pourquoi avoir choisi de rentrer de Bamako ?
Je suis rentré à cause de la situation. Je veux attendre que cela se calme pour retourner à Bamako. Personnellement, je n’étais pas bien. En tant qu’européen, je ne suis pas habitué à vivre ce genre d’évènements.