Hijab dans le football: un sénateur demande au gouvernement de "sortir de son hypocrisie"

C’est un dossier hautement politique. Hier, le Conseil d'Etat s'est penché sur la question du hijab sur les terrains, lors de l'examen d'un recours des "Hijabeuses" contre la Fédération française de football (FFF) qui leur interdit de jouer voilées lors des compétitions. Lors de l'audience, le rapporteur public, qui dit le droit et dont l'avis est généralement suivi, a demandé à ce que la FFF modifie son règlement. Depuis ce mardi matin, les réactions politiques s’enchaînent.
"Le ministre de l'Intérieur ne peut pas tenir ces propos"
"Le rapporteur public du Conseil d'Etat a donné, hier, son avis sur le port du voile dans les matchs de football, allant dans le sens des "hijabeuses", collectif de joueuses qui remet en question le principe de laïcité dans le sport, explique le Sénateur dans un communiqué adressé à RMC Sport. Si nous ne pouvons préjuger de la prochaine décision du Conseil d'Etat, ces dernières déclarations ne peuvent que nous inquiéter, alors que les incidents se multiplient dans de nombreuses disciplines, et ce depuis plusieurs mois. Face aux revendications religieuses et identitaires, les associations et fédérations sportives n'ont pas un arsenal juridique suffisant et sont, de fait, abandonnées par l'Etat".
Ce mardi matin, et à quelques jours de la décision du Conseil d'État sur la possibilité de porter le voile lors d'un match de football, le ministre de l'Intérieur a répété qu’il était "très opposé" et s'inquiète d'un "coup de canif très fort contre le pacte républicain si le Conseil d'État le permettait". "Si nous ne pourrions lui donner tort sur ce point, un rappel s'impose, complète Michel Savin. Le ministre de l'Intérieur ne peut pas tenir ces propos alors que son gouvernement a refusé, à deux reprises, de legiferer contre cette menace aux principes républicains. Lors de l'examen en 2021 du projet de loi confortant le respect des principes de la République, des députés En Marche ont supprimé le dispositif voté par le Sénat, à l'initiative de Michel Savin, interdisant le port de signes religieux ostentatoires dans les compétitions sportives. Et lors de la CMP sur la loi de 2022 visant à démocratiser le sport, la majorité présidentielle a de nouveau refusé d'intégrer cette interdiction au texte final."
Une inscription dans la loi ?
Avant de conclure : "Le gouvernement doit sortir de son hypocrisie, de son inaction coupable et complaisante, en acceptant d'inscrire dans la loi l'interdiction du port de signes religieux lors des compétitions sportives". Le Sénateur Michel Savin termine en appelant "le gouvernement a inscrire à l'ordre du jour et à soutenir dans les plus brefs délais sa proposition de loi de 2021 assurant le respect du principe de laïcité dans le sport".
Pour rappel, le collectif conteste devant la justice l'article 1 du règlement de la FFF qui interdit depuis 2016 "tout port de signe ou tenue manifestant ostensiblement une appartenance politique, philosophique, religieuse ou syndicale". Lors de l'audience, le rapporteur public, qui dit le droit et dont l'avis est généralement suivi, a recommandé l'annulation de cet article 1, demandant à ce que la FFF modifie son règlement. La décision du Conseil d'Etat sera rendue d'ici trois semaines.