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Ismaël : « En Allemagne, c’est une tragédie nationale ! »

L'ancien défenseur d'Hanovre reconnaît n'avoir jamais perçu la fragilité de son ex-coéquipier, Robert Enke, décédé mardi soir.

L'ancien défenseur d'Hanovre reconnaît n'avoir jamais perçu la fragilité de son ex-coéquipier, Robert Enke, décédé mardi soir. - -

Aujourd'hui à la retraite, le défenseur français a joué une saison avec Robert Enke, à Hanovre. Il fait part de son immense émotion et évoque la mémoire de ce gardien de but. Un témoignage poignant…

Valérien, quel est le sentiment qui domine en Allemagne au lendemain du suicide de Robert Enke ?
C’est un choc incroyable qui dépasse largement le cadre du football. En Allemagne, c’est une tragédie nationale, un coup de tonnerre. D’autant que personne ne s’y attendait. Le match de l’équipe nationale ce week-end a même été annulé (contre le Chili, samedi à Bonn, ndlr).

Une conférence de presse a eu lieu avec son épouse et son médecin traitant. Quelles causes ont été avancées pour expliquer ce geste désespéré (Robert Enke s’est jeté sous un train) ?
Il était dépressif depuis plusieurs années. En 2006, le couple avait perdu une petite fille de deux ans, mais ce n’est pas le facteur déclencheur de sa dépression. Selon son médecin, sa maladie remonte en 2003 lorsqu’il est passé de Fenerbahçe à Barcelone. A cette époque, il a demandé l’aide d’un spécialiste en Allemagne. Il était tenaillé par la peur d’échouer. Cette conférence de presse a d’ailleurs été assez bouleversante. Tout le monde se posait la question et cela a jeté un voile sur le football allemand. Est-ce que ce drame est dû à trop de pression ? Ou aux coups du destin ?

« Il a réussi à ne jamais rien laisser transparaître »

Vous qui l’avez fréquenté, aviez-vous perçu sa fragilité ?
Non et c’est ce qui est exceptionnel. Il a réussi à ne jamais rien laisser transparaître. Il a encore joué dimanche dernier face à Hambourg. Et il a fait un match fantastique. Rien ne laissait supposer le drame. Malgré sa maladie, il est resté au top de ses performances. C’est pour ça que c’est encore plus effroyable.

Pouvez-vous nous parler de l’homme qu’il était ?
C’était une personnalité reconnu. Il était posé, toujours prêt à aider les autres. Il adorait les animaux. Il avait neuf chiens chez lui. Socialement, il était également très engagé. Il était aimé de tout le monde. C’était un homme fantastique. En plus, c’était la figure emblématique du club et de la région d’Hanovre. Tout le monde s’était identifié à lui. Surtout après le décès de sa petite fille. Il avait un lien particulier avec ce club. Plus rien ne sera comme avant…

Quel souvenir aimeriez-vous garder de lui ?
Celui d’un grand professionnel. C’était quelqu’un d’introverti mais qui a toujours fait face à ses responsabilités. Un homme très engagé qui savait ce qu’il voulait. On avait même l’impression qu’il était programmé pour aller toujours de l’avant. C’est l’image d’un homme vrai que je veux garder…

La rédaction - Marc Ambrosiano