
Jouer à Cabinda, malgré tout…

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« Nous, on va rentrer et on souhaite bon courage à ceux qui vont rester, surtout au Burkina Faso, à la Côte d’Ivoire et au Ghana. Ce que j’ai dit à leurs dirigeants, c’est qu’ils peuvent être attaqués à Cabinda à tout moment. J’espère qu’ils vont être prudents. » Au micro de RMC ce dimanche, à quelques heures de quitter l’enclave angolaise, Emmanuel Adebayor lançait un message sans ambiguïté. Traumatisé par l’attaque du bus qui a causé vendredi la mort de trois personnes, dont deux membres de la délégation togolaise, le capitaine des Eperviers ajoutait : « Ce sont les autorités qui ont les informations. Est-ce qu’on va être réattaqué ? On n’en sait rien. S’ils nous ont demandé de rentrer, c’est peut-être qu’ils ont reçu un coup de fil disant que la menace n’était pas passée. On est obligé de respecter ça. Le chef de l’Etat sait ce qui est bien pour notre carrière et pour nos vies. » Quid des désormais ex-adversaires des Togolais ?
Joint par RMC Sport, Vahid Halilhodzic, le sélectionneur des Eléphants de Côte d’Ivoire, se veut plutôt rassurant. « Les membres du gouvernement sont venus nous apporter leur soutien et nous rassurer. Je pense que rester était la bonne décision à prendre. Il ne faut pas que le fascisme et le terrorisme l’emportent. En tant que sportif et entraîneur, je suis triste de tout ce qu’il s’est passé mais la vie continue. Personnellement, je n’ai pas peur de jouer à Cabinda parce que, malheureusement, j’ai déjà connu tout ça (allusion à la guerre en ex-Yougoslavie dans les années 90, ndlr). »
Bagayoko (Mali) : « Je ne veux pas y aller »
Arrivés vendredi soir, les Ivoiriens se sont déjà entrainés sur place en vue de leur entrée en lice ce lundi face au Burkina Faso. De leur côté, les Burkinabés ont débarqué dès lundi. L’entraineur portugais des Etalons, Paulo Duarte, affirme se sentir « en sécurité » à Cabinda. Même sentiment chez les envoyés spéciaux de la presse internationale, qui décrivent « une forte présence militaire et policière », notamment à l’entrée de la « Villa Olympique », où sont logées les équipes. Le défenseur burkinabé Charles Kaboré confirme que « les mesures de sécurité autour de l’équipe ont été renforcées ». De fait, selon des spécialistes de la région, les problèmes d’insécurité dans l’enclave de Cabinda sont généralement localisés près des frontières avec le Congo et la RDC. Ce fut le cas de l’attaque du bus togolais. Dans la ville de Cabinda, qui donne son nom à la province, la situation semble sous contrôle.
Ce qui ne veut pas dire que tout danger soit écarté. Le secrétaire général du FLEC, Rodrigues Mingas, qui a revendiqué l’attentat de vendredi, a répété ce dimanche que de nouvelles actions armées pourraient être menées dans les prochains jours. Mamadou Bagayoko, l’attaquant du Mali, qui doit se déplacer à Cabinda pour la 3e journée de poules, est catégorique : « Je ne veux pas y aller », a-t-il déclaré à nos confrères de RFI.
Depuis vendredi, les autorités angolaises, qui ont eu tendance à minimiser le drame, le martèlent : la sécurité des équipes et des spectateurs sera assurée à Cabinda. Les moyens ont été revus à la hausse. Reste le sentiment que dans cette affaire, les intérêts politiques et diplomatiques ont largement pris le pas sur le sport.